vendredi 25 décembre 2009

La bûche



De la bûche rituelle, telle que la confectionnait ma grand-mère, il ne reste plus grand-chose ce soir. L'art culinaire exige une formation constante, et chaque année j'essaie de m'améliorer.
Il est bien connu que c'est en bûchant qu'on devient bûcheron.

mardi 22 décembre 2009

Brebis de Douvrend


Le désir de Normandie me titille. A vrai dire il ne me quitte jamais. Mon dernier séjour sur les bords de Seine remonte à près de trois mois. Il serait temps de se remplir les poumons d'air normand et de regarnir le panier à souvenirs.
J'avais évoqué dans un précédent billet les brebis de Douvrend. Douvrend se trouve sur la départementale que j'emprunte lorsque je vais à Dieppe. Entre Londinières et Envermeu. Le village est arrosé par l'Eaulne, cette magnifique petite rivière dont la seule vue suffit à me remplir de bonheur : dès que j'aperçois ses berges, je ris. Je parlais depuis longtemps de ces ovidés devenus mythiques, sans confirmation de leur existence. Comme les physiciens qui prédisent le boson de Higgs dans leurs théories mais ne l'ont jamais observé. Jamais CERNé serait plus juste. Les brebis de Douvrend, c'était une private joke des familles. Pourtant j'espérais toujours que ma théorie se vérifie. Il y avait certes le fameux bélier de Fréauville, les illustres moutons de l'Epinay (rien qu'à écrire ces noms, le manque se creuse davantage), mais ce n'était pas ce que je recherchais.
Je n'ai pas eu besoin d'un accélérateur de brebis, d'un collisionneur à moutons niché dans le sous-sol genevois pour les voir enfin. En août 2007, j'en ai aperçu une, puis une deuxième, dans un pré qui domine la route. Cris de surprise et de ravissement dans la voiture ! Des gens qui se trouvaient sur le bas-côté se sont retournés sur mon passage. Pas comme le mouton retourné, je vous rassure. Mais mon intuition était confirmée !
Depuis je les ai revues régulièrement. Il y a quelques mois, pour être sûre que je ne rêvais pas ou ne souffrais pas d'hallucinations, je les ai photographiées. Elles sont bien réelles. Elles sont très belles, avec leur tête noire.  Et très paisibles. J'adopterais volontiers une d'elles.
Las, la dernière fois que j'ai emprunté ma petite route, elles n'étaient pas là. Elles avaient sans doute, en cette fin septembre, pris leurs quartiers d'hiver dans leur bergerie. J'en ai conçu une forte déception.
Pourquoi les brebis de Douvrend (qui sont peut-être des moutons) ? Qu'ont-elles donc qui les différencie des autres ? Tout est parti de ma chatte angora Mouna. Elle ressemble à une brebis (d'ailleurs très peu de mes chats ressemblent à des chats). Son miaulement s'apparente au bêlement. Je l'appelle Mouna-Mouton. Ou Mouna-Khnoum, du nom du dieu égyptien à tête de bélier qui modela les hommes dans la glaise sur son tour de potier. Mais pourquoi Douvrend ? Quel écho ce toponyme a-t-il éveillé en moi ? Mystère.
Quand reverrai-je ces ovins emblématiques de la Normandie, ou plutôt du voyage, de la Route (ma petite route qui se trouve affranchie d'un adjectif réducteur et adoubée au passage d'une très solennelle majuscule. C'est ça la force du souvenir). Ou, à défaut de les apercevoir, projetterai-je leur image dans une pâture désertée jusqu'au printemps ?
En espérant qu'elles n'aient pas fini en gigot.

mercredi 16 décembre 2009

Laissez passer les p'tits papiers...



Il m'arrive de faire du tri dans mes affaires, du nettoyage par le vide. Je me débarrasse de l'inutile. J'essaie. Facturettes de carte bancaire, tickets de caisse entre autres s'accumulent. Cartes de restaurants, aussi. C'est dans mon porte-chéquier que je rassemble le reliquat de mes actes d'achat. Il ressemble à un croque-monsieur bien épais. Disons plutôt un mille-feuilles composé d'innombrables épaisseurs de papier. C'est un journal.

Les tickets de caisse sont presque aussi éloquents que des photos. Idéal, quand on aime se souvenir, ou quand on a la hantise d'oublier. Quand on s'accroche aux petits faits de sa vie comme des écrins prêts à s'ouvrir sur des horizons plus larges et plus riches. Je suis allée à tel endroit tel jour, à telle heure. Je peux retracer mon parcours de ces dernières semaines, voire de ces derniers mois. Ces factures, ces notes tracent mon contour, ma silhouette, témoignent de mes activités. Je dépense, donc je suis. Mais c'est plus que cela.

Je retrouve les notes du Comptoir à Huîtres que je garde religieusement, comme si ce fait m'assurait d'y retourner encore et toujours. Comme un support à la mémoire, aussi.

Ce ticket si anodin d'un café, c'est une virée dans les étangs de la Somme qui m'a menée aux portes d'Amiens. Le temps s'est levé au fil du trajet. Soleil d'automne magnifique et doux dont les rayons plongent comme des doigts d'or pâle entre les branches des arbres au bord des plans d'eau. Un petit pont. Une écluse étroite, ancienne, aux berges de ciment désertes. Des canards, des gris et des blancs, si dodus que je les confonds d'abord avec des cygnes. Je passe sans m'arrêter, je n'ai pas mon zap de toute façon, mais mes yeux boivent tout ce qu'ils voient. Le village s'appelle Sailly-Laurette. L'église est un peu triste : elle a sans doute été reconstruite après la guerre... Et puis les cimetières militaires, anglais, australiens, néo-zélandais, à perte de vue. Des stèles comme si on les avait semées. Il y en a des milliers. Je pense à Tolkien, qui en 1916 passa quatre mois dans cette campagne et y vit tomber quelques-uns de ses meilleurs amis. Terre et hommes martyrisés… Terre de silence...

Là, c'est encore un petit crème, une halte sur mon aire d'autoroute, un jour de départ pour la Normandie.  Là, j'ai acheté ce bouquin à la Fnac, c'était tel jour. Là, un déjeuner au "Big", à Rouen. J'ai bu une Kwak pour accompagner ma (succulente) tarte camembert-poireaux. Le prix de la bière m'a fait sursauter.

Il y a aussi des photos de Garance. Elle venait d'arriver. Elle était encore petite. Elle se contorsionne au soleil. Elle me fixe : deux pièces d'or dans une petite tête triangulaire, curieuse. Je l'appelais "Garance Monnaie de Paris". Des numismates lui auraient arraché les yeux. 

Tout fout l'camp ? Mais non ! Des moments jaillissent, revivent, présents, brumeux ou ensoleillés, inscrits dans ces menues traces imprimées qui suffisent à les évoquer...

Images, papiers… autant de voyages qui déploient leurs ailes et s'envolent de mon porte-chéquier dès que je les remue…


Photo : la Somme à Cappy.

vendredi 4 décembre 2009

Au revoir, Taïga...



Ma chatte Taïga a été euthanasiée aujourd'hui aux environs de 18 heures. Voici quelques mois, elle avait été suturée pour une affreuse lésion au cou qui faisait suite à un abcès. L'opération avait réussi. Elle avait bien cicatrisé. Tout semblait bien se passer. En début de semaine pourtant, nouvelle plaie infectée qui lui laisse les chairs à vif... Il va falloir la conduire chez le vet. Je ne suis pas très optimiste... De fait, il n'y a rien à faire. Une nouvelle opération est risquée, voire impossible. Taïga encourt la septicémie. Ce sera alors bien pire. Reste à prendre "la" décision. Celle qui lui évitera les souffrances.
Ma mère et moi avons accompagné ses derniers instants. Taïga est partie avec des traces de rouge à lèvres sur le nez...
"Tataï" avait quatorze ans et demi. Elle était mon dernier lien avec Muscade, son père, le Roi des Chats, emporté par une insuffisance rénale à l'âge de cinq ans. Elle n'avait plus de descendance. C'était une maîtresse-chatte, une brave : lors d'un combat entre deux matous, elle n'hésitait pas à remettre ces énergumènes à leur place et défendait le plus faible. Les antagonistes prenaient le large sans demander leur reste. Elle se montrait aussi très maternelle - et possessive ! - avec tous les chatons, même s'ils n'étaient pas les siens !
De par son âge, de par ses origines, elle était un personnage historique. Petite chatte, forte présence. Elle est restée vaillante jusqu'à la fin. 
Le retour avec le panier vide, on ne s'y fait jamais...
En rentrant je l'ai cherchée, j'ai cherché sa présence. Elle avait sa place au salon, sur le dossier d'un fauteuil. Manquait sa petite silhouette sombre. J'ai cru la distinguer dans la pénombre pourtant. Je la "verrai" encore longtemps.
Une époque se termine...

Aimer les chats, c'est se condamner à en enterrer toute sa vie.
Alexandre Vialatte.

vendredi 20 novembre 2009

A Gerberoy


J'en discutais ce matin avec ma pharmacienne. Elle a fait ses études à Rouen, a vécu et travaillé en Normandie, mais elle ne connaissait que de nom. Je lui ai parlé des fleurs, des maisons à colombages, de l'église, des remparts, du temps qui semble s'est arrêté il y a quatre cents ans.
Ce n'est pas la Normandie. Le village perché sur une ancienne motte féodale se situe aux confins ouest de l'Oise, entre les villes de Marseille-en-Beauvaisis et de Gournay-en-Bray. Pourtant c'est l'un des points-clé de mes voyages.


Gerberoy, c'est une longue histoire. J'avais seize ans quand j'ai découvert ce lieu. Je passais à ses pieds sans le savoir, quand je partais à Rouen. Il figurait dans le livre "Les plus beaux villages de France" qu'une connaissance m'avait prêté. Dès que ma mère et moi avons repris la route, nous avons fait le détour. Ç'a été le coup au cœur, l'éblouissement. Un grand amour venait de naître. Je courais partout. Je voulais tout voir, tout saisir, étreindre le village à bras le corps et ne jamais le lâcher. Ces rues pavées, ces maisons, ce puits, et même la mare aux canards à l'entrée... Et la fameuse "maison bleue" !
Dès lors, pas question d'aller en Normandie sans faire une halte à Gerberoy, pique-niquer sur le mail qui ceinture la ville, se promener un peu et monter jusqu'à l'église aux bancs de bois clos qui fleure l'encens (un lieu et une odeur que m'a récemment évoqués Filles en Aiguilles de Serge Lutens).
Gerberoy est un endroit hors du temps, même si l'expression est bien galvaudée. Le passé se dresse devant vous, compact, irréductible. C'est une merveille au printemps et en été, quand les rosiers sont en fleurs.  Le peintre Le Sidaner ne s'y est pas mépris - quel bonheur de retrouver Gerberoy lors d'une expo au musée Marmottan ! Oui, ça ressemble à un décor de cinéma, et téléfilms et spots publicitaires y ont été tournés. Mais le village a gardé son âme. Elle est trop fortement ancrée dans les briques, le bois, les pavés pour s'émousser ou se laisser corrompre.
On fait parfois des rencontres surprenantes, inattendues. Une fois c'était un vol de chardonnerets en pleines ablutions dans une flaque, un magnifique spectacle. Une autre fois, un vol de Ferrari tout droit débarquées d'Angleterre. Elles ne déparaient même pas parmi les vieux murs qui avaient dû en voir d'autres - à la Révolution notamment ! Gerberoy ne refuse pas l'insolite et les yeux s'en nourrissent. Son mystère est infini. Il tient à de petits détails : une statue, une grille fermée sur un jardin... C'est ainsi qu'il reste dans ma mémoire.


Et puis la route a changé, les petits bourgs que l'on traversait se sont retrouvés "hors-circuit" en raison de voies de contournement bien pratiques mais asphyxiantes pour leur activité. J'ai changé. J'ai préféré la rectitude de la "route du nord", qui passe par Amiens et comportait alors un segment d'autoroute. Le luxe suprême ! Elle était plus rapide. Elle répondait mieux à l'appel fort de la Normandie que j'étais toujours si pressée de gagner. La vitesse primait. Trajet sans escale. Toujours ce fichu temps qui s'étire ou se contracte, mais qu'on ne maîtrise pas ! J'ai délaissé ma "vieille route". Le chemin historique et chargé d'histoire, de mon histoire, de la Normandie...
J'y suis passée pour la dernière fois à Noël 2006. Il faisait froid. Rien n'avait changé. Je ne me suis pas attardée. Le soir tombait. A soixante kilomètres, Rouen et ses lumières m'attendaient. J'ai longé le mail aux arbres dépouillés et repris la route.


J'ai écrit il y a quelques années :

Les lieux perdus du temps gagné appartiennent à un âge où j'étais plus jeune, où mes préoccupations étaient autres. Oui, un jour, je me le promets, je reprendrai mon ancienne route, je ferai renaître les paysages d'autrefois à mesure que se déroulera le bitume et que je passerai sans laisser plus de traces qu'une brève averse sur un sol brûlant. Les lieux et les routes ont basculé dans l'oubli. Peut-être n'existent-ils plus, peut-être n'ont-ils jamais existé, décors de théâtre plantés le long d'espaces aussi incertains, aussi volatils que la mémoire.

Dire qu'il a suffi d'une conversation ce matin.
La prochaine fois, je prendrai le temps.


jeudi 19 novembre 2009

Sur l'Arbre aux Fées



L'été se prolonge pour l'Arbre aux Fées. Ce rosier était le perchoir préféré de Garance. Il ne valait mieux pas la déranger lorsqu'elle s'y trouvait : on encourait grognements et coups de patte intempestifs.
Ces boutons qui apparaissent si tard dans la saison confirment que c'est bien un rosier magique.

mardi 17 novembre 2009

Le cercle des polaires disparus

Après ceux d'Arnadur Indridasson, j'ai découvert voici peu les romans policiers d'Arni Thorarinsson. Deux d'entre eux sont disponibles en France :  Le temps de la sorcière et Le dresseur d'insectes. Des titres énigmatiques tirés de chansons plus ou moins oubliées.
D’emblée, nous avons droit aux clichés inhérents au genre : le narrateur et enquêteur est un journaliste, Einar, qui traîne un passé d'alcoolique. Solitaire, désabusé, il n'en porte pas moins sur ses congénères un regard compatissant. Son intérêt pour les humains et leurs vicissitudes n'est pas dû qu'à sa profession. Il exerce à Akureyri, au nord de l'Islande, loin de ses racines à Reykjavik, et se bat pour préserver l'indépendance de sa plume face à des pressions croissantes. Sa "femme" est une perruche mâle nommée Snaelda. Les relations d'Einar avec le commissaire principal Olafur Gisli sont parfois tendues, mais les deux hommes, qui ont appris à se connaître et s'apprécier, coopèrent volontiers, chacun traquant les malfaisants à sa manière.
Mais il y a plus que cela.  L'Islande fascine et nous paraît exotique : sa situation géographique, ses mœurs, ses coutumes, son climat sont rien moins que dépaysants à nos yeux, tout comme les noms qu'on ne sait dans quel sens tourner pour les déchiffrer mais dont on croit entendre les sonorités à la fois râpeuses et chantantes. C'est le bout du monde.
Entre autres particularités, les Islandais ont un sens de la fête exacerbé. Tous les excès s'ensuivent. On ne boit pas vraiment du jus de glaçons, pas plus qu'on ne fume de l'herbe à chat dans les soirées de fin de semaine. Arni Thorarinsson ne se voile pas la face. Et pourtant, ses compatriotes, il les aime, et son attachement est perceptible tout au long du récit.
L'auteur, diplômé de littérature comparée de l'université anglaise de Norwich, est lui-même journaliste. Il prend le temps de poser le décor et d'amener les personnages sur le devant de la scène. Romans noirs, romans d'atmosphère, ses polars dépeignent aussi une société gagnée - gangrenée ? - par le capitalisme et la culture made in USA mais aussi la délinquance et la criminalité. Les jeunes sont perdus, les anciens mis "au rebut" d'une société qui ne sait plus les écouter.
De rencontre en rencontre, de question en question, Einar mène l'enquête et reconstitue l'histoire de la victime, son passé, où réside souvent la clé de l'énigme. Il ne néglige aucune piste, scrute les témoins avec acuité, avec bien sûr la discrétion que lui imposent sa profession et son éthique. Il recueille leurs secrets. Des éléments épars qui s'égrènent au fil des pages, d'un ensemble confus d'indices émerge l'ébauche de la vérité. Avec l'aide de la police, le coupable sera démasqué. En effet, les criminels islandais sont de grands pécheurs, et les pécheurs d'Islande ne sont pas toujours très bien lotis.
Le temps passe très vite en compagnie d'Einar, de Gunnsa sa fille, de Joa la photographe, d'Olafur Gisli le commissaire, d'Asbjörn, de Snulli le chien et bien sûr de Snaelda ! On regrette de les quitter. D'autant  plus que leur géniteur ne manque pas d'humour. Ni de sens de la dérision. Quelques formules bien senties émaillent le récit. Si le tableau n'est pas des plus réjouissants, son Islande est moins noire que celle d'Indridasson, plus souriante.
Alors, des clichés ? Non. On est loin des engrenages bien huilés et implacables - et artificiels - de beaucoup d'auteurs anglo-saxons et autres. C'est peut-être l'omniprésence de ce pays et de sa culture dans ces  romans qui fait leur originalité. Et si finalement leur véritable héroïne n'était autre que cette île, où riche mémoire millénaire et  force des aspirations consuméristes semblent vouées à ne jamais trouver d'équilibre ?
Deux bouquins qui méritaient un Arctique de fond.

Le temps de la sorcière et Le dresseur d'insectes sont tous deux parus chez Points Policier.

lundi 9 novembre 2009

Le prochain amour 3

Je suis retombée voici peu dans les bras de L'Heure Bleue et notre histoire n'est pas près de finir. Je vous en ai beaucoup parlé. C'est ma drogue, mon parfum-pansement. Le seul que j'ai envie de porter chez moi, avant de me mettre au travail ou le soir, quand j'ai enfilé robe de chambre et pantoufles.
Mais voilà, je crois toujours au Graal. Au parfum idéal. Les parfums "de niche" connaissent une telle prolifération qu'il en existe bien un ou deux avec lequel j'aurais envie de faire un bout de route... Mais pas question de porter un jus auquel je ne serais pas attachée ! Je m'emploie donc à élire celui que le Père Noël voudra bien déposer dans mes petits souliers. S'il est décidé...
Le Martien trouve toujours la femme du voisin plus verte.
Je cherche donc un parfum, ou m'imagine en chercher un, car le coup de foudre ne se décrète pas.
J'ai passé commande sur decant-me.com. Un "decant", je le sais depuis peu, est un échantillon, un peu de parfum logé dans une minuscule fiole en verre, ou "flûte", et directement tiré du flacon d'origine. Ça permet de découvrir une fragrance et de se familiariser avec elle avant le Grand Achat.
Dans ma commande, La Petite Robe Noire de Guerlain, qui suscite sur les blogs et les forums des avis contradictoires : vilipendé par les uns, encensé par les autres...  Injure suprême : c'est pas un Guerlain ! Impossible de se faire une opinion sans l'avoir senti !
Je ne me suis pas spécialement tournée vers les nouveautés. Je connaissais déjà Cuir Mauresque et  Rahat Loukoum de Serge Lutens et avais besoin de me les remettre en mémoire.
Mon petit paquet est arrivé jeudi. L'envoi est rapide et soigné. Les fioles sont emballées individuellement et, bien protégées dans leur plastique à bulles, glissées dans une charmante pochette lamée. Un petit mot les accompagne, et je suis très sensible à cette attention. Un raffinement à la hauteur du contenu !
Rahat Loukoum est une merveille, mais je ne sais pas si j'aimerais le porter, plus "accro" au musc vigoureux, "puissant et doux" comme le chat de Baudelaire, de Muscs Koublaï Khan. Cuir Mauresque me rappelle Narcisse Noir de Caron...  La Petite Robe Noire... hum, je suis très partagée... Mais l'illusion finale de macaron à la framboise est saisissante ! Une note qui s'inscrit dans Ladurée...
Je vous en reparlerai.
Je trouve fantastique de pouvoir découvrir ces parfums rares chez soi, sans courir dans les temples parisiens qui les gardent jalousement (bien qu'une visite y soit très agréable, je ne dis pas le contraire !) !
Sur leur site, Nathalie et Véronique Bessard, deux sœurs passionnées, proposent une large palette de fragrances d'aujourd'hui et d'hier, connues et moins connues, parfois oubliées. Des créations Guerlain, Chanel, Annick Goutal, Serge Lutens, Hermès, Robert Piguet, Éditions de Parfums de Frédéric Malle deviennent ainsi accessibles aux nez curieux ou nostalgiques.
Les frais de port, 2,20 €, sont très raisonnables.
Nathalie et Véronique ont également leur blog :
http://lesateliersduparfum.typepad.fr/les_ateliers_du_parfum/
Je dresse la liste des noms qui figureront dans ma prochaine commande. Et si le coup de cœur était au rendez-vous ?



vendredi 6 novembre 2009

Un Auvergnat (volant)



Avril 1989. Le vol Nice - Roissy-Charles de Gaulle est bien secoué. Tous les génies des airs semblent s'acharner sur la malheureuse carlingue, tantôt projetée aux cieux, tantôt précipitée vers les abîmes. Du moins est-ce ce que je m'imagine. Collée contre le hublot, peu habituée à l'avion, tétanisée, je m'attends à ce qu'un gros pépin arrive. Mon voisin ne se démonte pas, il reste imperturbable dans la tourmente. J'admire son flegme. C'est un monsieur distingué à fine moustache et cheveux blancs qui peut avoir la soixantaine. Il engage la conversation. Peut-être a-t-il perçu ma peur, mon inquiétude. C'est un pilote retraité d'UTA. A son actif, trente années de vol sous les couleurs de cette compagnie.  D'où le calme olympien, le détachement, même. Je n'aurais pu mieux tomber. C'est un homme charmant. Il me parle avec gentillesse. Il ne se moque pas de moi. Il me rassure, sans m'infantiliser. Il m'apprend des choses intéressantes sur l'aéronautique. Par exemple que les structures métalliques situées en bordure des pistes servent à dégivrer les pare-brise des avions. Je ne le savais pas. Je m'accroche à ses paroles comme autant d'informations vitales. Le temps passe, j'oublie ma trouille et la zone de turbulences s'éloigne. L'appareil se pose à Roissy. Le voyage a été, en fin de compte, trop court...
Je remercie mon voisin. Je me suis enrichie à son contact, si bref ait-il été. Je déborde de gratitude. Puis nos chemins se séparent.
J'aime me trouver près de gens de savoir. J'ai eu la chance de tomber, non seulement sur un pilote aguerri, mais sur un sage. C'est l'espèce la plus rare. C'est pourquoi ça n'arrive pas tous les jours.
Faut-il prendre l'avion plus souvent ?
De cette histoire je conclus qu'il faut toujours avoir un ancien pilote d'UTA (ou d'une autre compagnie) sous la main. Pour vous guider, pas seulement dans les aléas de l'espace aérien, mais en toutes circonstances, dans les turbulences de la vie. Quelqu'un à qui passer le manche quand les éléments s'agitent vraiment trop autour de vous. Mais les Auvergnats, surtout volants, sont rares. Ils préfèrent leurs volcans, leurs lacs, leurs sources thermales et leurs brebis. On s'en trouve réduit à tâcher de garder le cap soi-même, à compter sur ses propres instruments de navigation. On fait ce qu'on peut.
On croise parfois un ange...
Merci, Monsieur...

Photo : Philippe Noret - AirTeamimages
Union des Transports Aériens - Boeing 747 F-GEXB

jeudi 29 octobre 2009

Une Auvergnate



Je vous avais promis de vous parler de mes Auvergnats. Auvergnats métaphoriques, bien sûr, ceux de la fameuse chanson de Brassens. Leurs filles et fils spirituels. Ceux qui allument un petit feu en vous, ou raniment une flamme éteinte. Ils consolent, réconfortent, apaisent les souffrances physiques et morales. D'un regard, d'un geste, d'une parole,  ils vous éclairent quand tout est sombre. Ils balaient vos doutes au sujet de l'humanité. Ce sont des femmes et des hommes providentiels. On se demande si on les a mérités.
Il sera question d'une Auvergnate normande, ou du moins rencontrée en Normandie.
Janvier 2002. J'ai décroché un poste dans un organisme à vocation sociale à Rouen. Au bout d'une semaine, je suis devenue la femme à abattre. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Je me sens - ou on me fait sentir - de moins en moins à ma place. Je rame, je n'ai - on ne me donne - aucun point de repère.  Février. Ma période d'essai tire à sa fin et des remarques me laissent entendre qu'elle ne sera pas prolongée, tout en me maintenant dans l'incertitude. Mon rêve s'effondre. Je vais devoir quitter la Normandie...
Lundi matin, au retour d'un week-end chez moi. Je sais ce qui m'attend. Visite à la médecine du travail avant de reprendre le boulot. Je ne me fais pas d'illusions. On veut me virer, alors à quoi bon me plier à ce simulacre ?
Formalités auprès de l'infirmière. Le médecin, une femme, me reçoit dans son bureau. La cinquantaine, cheveux blond foncé courts. Je lui expose ma situation, mes angoisses. Elle m'écoute avec une attention extrême. Son regard est intense, pénétrant. Elle me cerne, je crois, très vite. "Ce travail ne vous convient pas", me dit-elle. Nous parlons, peut-être m'a-t-elle examinée, je ne m'en souviens pas. Je ne m'attendais pas à un échange aussi simple, aussi évident. Ça fait du bien. Je retiens un conseil : "Surtout, n'arrêtez pas de fumer maintenant, ce n'est pas le moment !". Je prends de la distance avec ce travail, cette atmosphère délétère surtout, qui ne vise qu'à me faire vaciller. Les cons, c'est eux, pas moi.
Il s'est passé quelque chose. Cette femme m'a insufflé un peu de force. Elle m'a comprise, a cru en moi.
Le soir je suis proprement éjectée, comme je le savais, sur des motifs dérisoires. Je ne suis pas dupe. Je pense à ma rencontre du matin, à cette femme extraordinaire, et la violence de ce moment - car c'est bien de violence qu'il s'agit - glisse et m'atteint moins qu'elle n'aurait dû.
Je m'étais promis d'écrire à ce médecin, et puis... Je me serais sentie ridicule...
Des Auvergnats il y en a d'autres. Oui, oui, je vous en parlerai. Je le leur dois. Ce sont des sauveurs. Pour employer une expression à la mode, c'est mon devoir de mémoire. Mais plus qu'un devoir, c'est un besoin.
Mes Auvergnats sont au-delà de la gratitude. Je ne les oublierai jamais.

mardi 27 octobre 2009

Histoire de parfum


Le Touquet, début des années 70. Pour occuper mes après-midis de vacances, mes parents m'emmenaient à l'aéroport. Les avions de la compagnie British Caledonian décollaient dans un boucan épouvantable. Les moteurs sifflaient, le sol vibrait. J'aimais ça. Ce spectacle suffisait à me distraire.
Les lieux présentaient une autre attraction : une boutique de détaxés dont les vitrines jalonnaient la salle d'attente, au premier étage. Là était présentée la totalité des produits vendus en "duty free" : des parfums.
Leurs flacons tarabiscotés se pressaient les uns contre les autres devant leurs boîtes en carton. Une armée, un peuple de parfums, figé. Il y en avait de toutes les formes, de toutes les tailles, en d'infinies variations. De vraies petites familles ! Je regardais longuement, fascinée, les arabesques, les courbures des bouteilles et les étranges élixirs qu'elles contenaient, qui déclinaient toutes les nuances du jaune. Les étiquettes n'étaient pas moins intriguantes. Guerlain, Hermès, Dior... Chant d'Arômes, Calèche, Diorella... Des noms qui  ne me parlaient pas. J'ai passé des heures devant cette foule désordonnée et silencieuse - mais inaccessible - qui me fixait derrière les vitres.
Ceci explique-t-il cela ?
Coïncidence, c'est au Touquet, plus tard, dans une parfumerie de la rue St-Jean, que j'ai senti pour la première fois Nahéma et L'Heure Bleue, à quelques années d'intervalle.
Depuis je préfère les bateaux aux avions (quoique je me me contorsionne toujours au volant pour les regarder, si si !). Les Caravelle (ou, renseignement pris, les BAC 1-11, ce que je trouve beaucoup moins poétique) ne prennent plus leur envol qu'en souvenir, dans les musées. Depuis des parfums ont disparu, d'autres ont subi des reformulations pas toujours heureuses qui les ont dépouillés de leur personnalité, de leur pouvoir évocateur, du panache dont ils s'enorgueillissaient. Des flacons je m'en fiche, ou plutôt non : je les préfère le plus sobres possible. Je n'ai plus envie d'aller au Touquet (et me demande à quoi ressemble son aéroport maintenant). Je me suis tournée vers les falaises et les galets normands. Les parfumeries sont maintenant des lieux aseptisés, où tout est à portée de main, hormis peut-être les Salons du Palais-Royal, chez Serge Lutens, où les flacons en forme de cloche ont encore leur côté sulfureux, leur mystère.
Et savent encore me faire planer ?

Illustration : Boeing 707 de la British Caledonian

lundi 26 octobre 2009

Chats et croisées



Il fait doux en cette fin octobre. Est-ce pour nous consoler du raccourcissement des jours ? Bonheur, en tout cas, de laisser la fenêtre de mon bureau entrouverte.
Je travaille (ou je bouquine). Je lève les yeux. Mascaret s'est matérialisé derrière la vitre. Il me fixe de ses grands yeux. Le message est clair. Il me demande silencieusement mais instamment de lui ouvrir. Je grogne mais me lève et m'exécute. Il saute dans la pièce avec un petit gloussis et disparaît. Il ne m'accorde pas un regard.
Je me dis que je suis bien bête. Mais bon. C'est mon chat. C'est Bébert. Je l'aime. Et je vais me rasseoir devant mon ordi ou reprendre mon livre.
Une petite brèche qui déconnecte du travail ou d'un monde imaginaire. C'est peu de chose et ça fait du bien.
Aimerions-nous autant nos chats s'ils savaient ouvrir les fenêtres eux-mêmes ?

dimanche 25 octobre 2009

Brassage d'air (propos au tonneau)




Je vous parlais de vins qui portent des noms de chats et imaginais des crus inspirés de mes digitigrades griffus et moustachus. Je ne croyais pas si bien dire.
Quelle n'a pas été ma surprise de tomber sur une bière de la marque Boris ! Boris Bold, pour être précise, une bière blonde alsacienne, de celles que l'on déguste dans un Est à Minet. Boris est mon vrai faux Bleu russe. Je n'ai fait ni une ni deux. Il fallait que je goûte au breuvage félin, assez costaud par ailleurs (8,8°), pour m'assurer qu'il portait bien son nom. Car, maniaque comme je suis, je n'aime que les cas nets.



C'est que je m'y connais en bières ! J'ai eu mon bock avec mention ! Il faut dire qu'on m'a mis la pression. En fait j'ai triché, et j'ai eu peur qu'on ne me chope ! J'en ai attrapé la fièvre de malt...
Avec la Boris je risque d'être un peu grise...
Mais pourquoi donner un nom de chat à une bière ? J'ai trouvé ! C'est une bière dont la mousse tache !

mercredi 21 octobre 2009

Vins félins et fins vélins


Automne 2005. Je suis saisie. En poussant mon Caddie à Carrefour, je tombe, au rayon vins, sur un côtes du Rhône rouge qui porte le nom de la Fée : Terre de Garance. C'est plus fort que moi, j'en prends une bouteille. Ça aurait pu être une piquette épouvantable. C'est un très bon vin. Comment voulez-vous qu'il en fût autrement, sous de tels auspices ?
Depuis, chaque année, au moment de la foire aux vins, le Terre de Garance, du Domaine Rouge Garance, revient fidèlement. C'est un rendez-vous. Depuis l'an dernier, l'émotion me submerge quand je vois fleurir les premières bouteilles sur les rayonnages. Les larmes retenues me brûlent les yeux. Je ne peux m'empêcher de caresser discrètement le réceptacle de verre à l'étiquette sobre, où s'inscrit le nom aimé, comme pour recueillir les éclats furtifs de la présence de Garance, malgré l'absence. Fidélité au vin, ou à la chatte ?
Comment en parler avec si peu de connaissances en œnologie ? Pour moi, c'est un nectar aux arômes de fruits rouges, de fruits secs et d'épices, dont le poivre noir. Il a de la cuisse, car Garance était une Fée morale. Un vin qui ne manque pas de caractère. Comme elle.



Cette année encore, début septembre, j'ai sacrifié au rituel. Deux cartons ont rejoint ma cave. Le vin est comme d'habitude excellent. Quelques gorgées d'un plaisir qui se mérite. C'est le vin du souvenir, de la mémoire, aussi. Mon Château-la-Fée. Il est le fruit d'un travail mené dans le respect de la nature. Il concentre le soleil du sud et l'amour que portent à leur terre et leur vigne ses propriétaires, Claudie et Bertrand Cortellini. Jean-Louis Trintignant s'est joint à eux. Un grand acteur et un homme peu soucieux de publicité outrancière, un homme de la terre, consciencieux et discret. Le domaine aurait été nommé en hommage à Arletty, à son personnage inoubliable des Enfants du Paradis. Les viticulteurs proposent d'autres rouges, des blancs et des rosés. Leur diffusion est confidentielle, et je n'ai jamais eu l'occasion d'y goûter. Il me faudra faire un tour à Franqueville-Saint-Pierre, près de Rouen, où se trouve un dépositaire. Ou peut-être, un jour, je l'espère de tout cœur, au domaine de Saint-Hilaire-d'Ozilhan, dans le Gard...
D'autres vins portent des noms de chat et m'influencent favorablement ! Ainsi j'ai déjà acheté le Cellier de la Gavotte, un côtes de Provence ma foi fort bon. Gavotte était "mon Vieux Gavial", ma chatte blanche, disparue à l'âge de quinze ans et demi en novembre 2005.
Il existe peut-être un Château Mascaret, un Domaine Boris, une Cuvée Nacelle, un Clos Ramona, un Chai d’Elsa ? Mais je risquerais de prendre de mauvaises habitudes...
Telle est l'influence des chats sur nos existences. Quant à celle de Garance…
Souhaitez-moi de ne jamais tomber sur un paquebot baptisé Ocean Fairy. Je serais capable de commettre un acte de piraterie.

Domaine Rouge Garance
30210 Saint-Hilaire d’Ozilhan
Tél./Fax : +33 (0) 4 66 37 06 92

On trouve le Terre de Garance dans les hypermarchés Carrefour lors de la foire aux vins d'automne.   
Pour reprendre la formule consacrée, à consommer avec modération ! Mais vous êtes de grandes filles et de grands garçons, et vous saurez rester raisonnables ;-) !

samedi 17 octobre 2009

Pommes-pommes girl



Le Normandie, c'est bien. Avec des chats, c'est mieux. C'est en achetant des pommes chez un producteur du Mesnil-sous-Jumièges lors de mon séjour sur les bords de la Seine que j'ai discuté le bout de gras avec cette magnifique minette.
Elle s'est laissé caresser et photographier sans difficulté !
La lumière était très belle en cette fin de journée presque estivale...



La chatte s'est levée, m'a tourné le dos et s'en est allée dès que la séance a commencé à l'agacer, comme toute star qui se respecte.
Je n'ai pas demandé son nom...
J'espère revoir cette très jolie "bête de Seine" en allant acheter reines des reinettes et bénédictins, cette variété locale croquante et acidulée à laquelle je n'avais pas goûté depuis bien longtemps...

vendredi 16 octobre 2009

Vol au-dessus d'un nid de matous



Quelques surprises au réveil.
Banquet nocturne pour les chats : jambon, saucisse et steak haché ont disparu du réfrigérateur. Je crois avoir reconstitué le déroulement des faits. L'un d'eux, le plus téméraire, s'est dévoué : il a ouvert la porte, s'est introduit dans le frigo et a lancé les denrées à ses congénères restés à l'extérieur. La troupe s'est ensuite livrée à des agapes improvisées. La porte est restée ouverte. Pas étonnant qu'il ait fait si froid dans ma cuisine ce matin.
Une chose est certaine : le vol du jambon a eu lieu à l'heure du lard sain.
J'ai ensuite découvert que Mascaret est funambule ! Alors que je sirotais mon premier café matinal sur le canapé, une main appuyée sur le dossier, il a avancé une patte hésitante avant de s'élancer sur mon bras pour atterrir sur mes genoux après un détour par mes épaules.
J'en suis encore sidérée.
Mon vœu le plus cher est d'avoir des chats un jour, pour remplacer ces mutants monstrueux. Car j'ai peur. Je crois vivre Le Horla. Je vais me barricader dans ma chambre cette nuit. Et organiser un référendum. Je voterai non, naturellement, car il est bien connu que quand le non l'emporte, le oui s'casse.

Bon week-end.

jeudi 15 octobre 2009

Le coeur cambriolé


Un flacon qui a de la bouteille...

Je suis allée rechercher dans l'obscurité d'une armoire mon flacon d'extrait d'Heure Bleue, tel un trésor, une relique qu'on ne présente à l'adoration des fidèles qu'une fois l'an. Il est toujours lové dans son charmant écrin XVIIIe. Je me souviens l'avoir acheté en janvier 1987. C'est un rescapé.
1er septembre 1996. Je rentre de Normandie. Je trouve la maison saccagée, la porte de la cuisine fracassée, du désordre partout. Les malfrats ont emporté des objets auxquels ma mère et moi tenions : beaux bijoux fantaisie, couverts en argent, mais aussi lecteur de CD et disques. Ils ont mis à sac l'armoire à parfums. Ont disparu mon flacon d'extrait d'Après l'Ondée, introuvable aujourd'hui, le Blonde de ma mère, une superbe tubéreuse signée Versace, et d'autres. Des gens de goût, ces voleurs, direz-vous ! Mais les gens de goût ne volent pas ! Et puis ils ont dédaigné les disques classiques !
Je suis effondrée.
Oui, c'est matériel. Mais c'est un peu plus que du matériel. Ces choses faisaient partie de moi. On a touché à mon intimité, à ma mémoire, à ma tranquillité domestique. Elle ne sera jamais plus ce qu'elle était.
L'expérience est particulièrement traumatisante.
Dieu merci les chats n'ont rien ! Mais j'ai eu bien peur quand même, car mon Muscade tardait à rentrer... (Ne pas trop compter sur les chats pour défendre une maison contre des intrus.)
Toujours est-il que ma bouteille d'Heure Bleue a échappé au pillage. Je la regarde parfois et l'ouvre. Il reste une petite moitié de son contenu, d'un jaune sombre. Les notes de têtes sont altérées et pour tout dire, atroces. Mais je reconnais ses notes de cœur et de fond, toujours suaves, quoiqu'à présent très volatiles.
Puissé-je m'offrir à nouveau cet extrait un jour...
En attendant je me suis parfumée à l'eau de toilette, histoire d'attaquer avec plus d'énergie mes corrections et de me consoler des rigueurs de mon travail.
Comment ça, vous n'avez jamais senti l'Heure Bleue ? Tenez, je vous en envoie une grosse bouffée !
Allez, pschitt pschitt !!

mercredi 14 octobre 2009

Walkyrie (les Teutons flingueurs)

Vous ne le saviez peut-être pas, mon chat Morgat ressemble à Tom Cruise (à moins que ça ne soit le contraire). Cela se situe au niveau du regard, de la forme des yeux. De plus il a, je le sens, l'étoffe d'une star hollywoodienne. Mais c'est de profil que la ressemblance est le plus flagrante. Elle s'arrête d'ailleurs là : mon chat est plus beau et plus sexy et plus grand que l'acteur. Enfin, détail qui a son poids, Morgat n'est pas un adepte de la scientologie. Quoique... J'ai un doute parfois, car il me semble qu'il ronronne Hubbard. Mais c'est peut-être chez moi un effet de l'autosuggestion.
C'est donc un bon vieux transfert des familles qui m'a fait choisir un film avec Tom Cruise, Walkyrie, sur un site de téléchargement.
Le réalisateur, Bryan Singer, braque les projecteurs sur un pan méconnu - des Français du moins - de la Seconde Guerre mondiale : la résistance à Hitler au sein de son propre pays, et plus précisément la dernière des quinze tentatives connues d'assassinat contre le dictateur.
1944. La guerre a plongé l'Europe dans le chaos. La position de l'Allemagne est intenable, son peuple et son armée souffrent mais le chancelier Adolf Hitler s'acharne à poursuivre le conflit. Dans les esprits d'officiers lucides, souvent haut placés germe la graine de la sédition, l'idée qui sauverait l'Allemagne : tuer Hitler. Une faction - clandestine - se forme dans cet objectif. Un jeune colonel, Claus von Stauffenberg, héros de la guerre en Afrique, prend la tête du complot et se charge de mettre le projet sur pied. Il est entouré d'hommes de confiance, des conjurés comme lui gagnés à la cause d'un pays libéré de la honte. Ce sera "Walkyrie", du nom d'une opération dont le but est de protéger le gouvernement en cas de coup d'État. Quelques lignes modifiées, et ses effets serviront les plans des opposants au régime.
Du film on peut dire que c'est de l'ouvrage bien faite. L'histoire  - qui, hormis la scène initiale, se concentre sur quelques jours en juin et juillet 44 - se déroule dans une tension permanente qui ne laisse pas une seconde de répit. L'action est très resserrée. On anticipe, à chaque seconde, la scène - ou le drame - à venir.  Tout tient à un fil. On est comme sur un manège à sensations (à la Foire Saint-Romain, mettons), secoué, puis projeté en l'air comme un boulet de canon avant de plonger dans le vide avec l'estomac dans la gorge. Attention aux nerfs fragiles ! A mesure que le temps passe, que le jour de l'attentat approche, le spectateur est immergé parmi ces hommes, agités d'une fébrilité communicative. Le 20 juillet, la bombe explose dans la "Tanière du Loup" où sont réunis Hitler, Mussolini et quelques hauts dignitaires nazis. Stauffenberg, persuadé d'avoir mené à bien sa mission, rentre à Berlin. L'opération Walkyrie peut commencer. Le pouvoir semble entre les mains des conjurés. Hélas, Hitler n'est pas mort. C'est d'abord l'incrédulité. Puis la consternation déploie peu à peu son masque sur les visages des protagonistes. C'est l'échec. Arrestation, procès expéditif. La plupart des hommes seront fusillés le lendemain. Au mitraillage aérien du début répond le claquement des balles alors que Stauffenberg s'effondre. C'est plus Walkypleure que Walkyrie...
Tom Cruise - borgne et amputé de la main droite ! - joue de façon très sobre et dépouillée, émouvante, le colonel rebelle. J'ai même noté une ressemblance physique avec le vrai Stauffenberg... Étrange ! Les acteurs (Terence Stamp, Bill Nighy, Kenneth Brannagh, Christian Berkel...) sont tous crédibles, convaincants, sauf peut-être celui qui incarne Hitler, un peu grotesque, caricatural (ce n'est pas l'interprétation de Bruno Ganz dans La chute). Mais le sinistre personnage lui-même, tel que le montrent les images d'archives, ressemblait, par sa mimique, ses gestes, à une caricature du pouvoir totalitaire, de la cruauté, de la folie meurtrière... Un barbare en nazi, quoi...
Bref, un film de bruit et de Führer. Et un hommage rendu à des héros prêts au sacrifice ultime, fût-ce en vain...
Je le reverrais volontiers.

mardi 13 octobre 2009

Oh Apis day !


Ah, que n'a-t-on connu Akhénaton...

Quand je vous parlais de l'Egypte...
La photo du pharaon Akhénaton (alias Aménophis IV, alias encore Aménhotep IV), que j'ai faite voici deux ans lors de l'expo "Pharaon" au musée de Valenciennes, est parue dans le magazine Plume. Elle illustre l'article "Dans les archives d’Akhénaton : la diplomatie au Proche-Orient". Rien que ça.
Ils m'avaient contactée en juin. J'avais dit oui.


Quant à celle du masque funéraire de Psounennès, elle sera visible l'an prochain dans plusieurs ouvrages scolaires d'un éditeur hong-kongais. J'en ai eu confirmation ce matin, après avoir donné mon accord.
Est-ce le patronage de Bastet, Scribe et Ramsès qui me vaut ces honneurs ? Ou celui de mon papy russe (qui n'était pas russe mais ukrainien) ?
Je suis touchée et flattée, bien entendu. Mais j'ai comme l'impression que Flickr est une mine pour les chasseurs d'images soucieux d'économie...
Le scribe ne paie pas...

lundi 12 octobre 2009

Un long lundi de cochonnailles

L'expédition arrageoise de samedi n'aura pas été vaine ! L'andouillette était délicieuse, relevée à point. Elle est beaucoup plus fine que sa consœur de Troyes, moins "brute de décoffrage", plus raffinée. Les saveurs de l'oignon, du persil, de la muscade s'y mêlent. Elle rappelle davantage celle de Cambrai. Mais impossible de la trouver ailleurs qu'à Arras...
Elle est assez "généreuse". Compter une "pièce" pour trois !
L'échoppe - toute petite - du charcutier se trouve non loin de la Grand-Place.
Quant à savoir si je me rendrais de nouveau dans la capitale de l'Artois pour m'approvisionner...

A l'Andouillette d'Arras
3, rue du Marché au Filé
62000 Arras
03 21 22 69 96

dimanche 11 octobre 2009

A votre bon Caire


Bonaparte a beaucoup roulé sa bosse...

Samedi. L'exposition "Bonaparte et l'Egypte", qui se tient au musée des Beaux-Arts d'Arras, se termine bientôt. Je projette depuis quelque temps d'aller la voir. Fini la procrastination : je me décide.
J'aime l'Égypte ancienne depuis mon enfance. Mais je connais fort peu l'histoire de Bonaparte. Tout juste si je sais que Napoléon et lui sont une seule et même personne, c'est tout dire. Des pharaons je sais qu'ils habitaient des pyramides déguisées. Ils avaient coutume de se livrer au cannibalisme sur la personne de leur favorite, d'où le nom de "l'Avalée des Rois". Ils préféraient la momification après leur trépas car on dit que Ramsès II, voyant un squelette, aurait trouvé ces os(ses) tristes. On voit aussi en Égypte des colosses du même nom, et on dit d'un jeune homme beau comme un dieu qu'il a une face de Ra.
Tel est l'état de mes connaissances. Séti pas beau ?
Mais surtout les anciens Égyptiens considéraient le chat comme un dieu, ou plutôt avaient décelé le dieu dans le chat. Les chats s'en souviennent et en abusent éhontément.
En route pour la cité des Atrébates !
Ça commence bien ! Au musée, on vous propose, lors de l'achat des billets, un audioguide, et on vous gratifie d'un regard réprobateur accompagné d'un peu amène "Tant pis" si vous refusez. Plus loin, on insiste pour que vous laissiez votre manteau au vestiaire. On lance un œil torve à mon zap, dont je ne pourrai faire usage, les photos étant prohibées en ces lieux. Et on vous bouscule presque pour vous faire entrer  plus promptement dans la première salle de l'expo. Bref, le visiteur ne se sent pas bienvenu ! Une seule envie dès mes premiers pas : sortir de là ! Mais ce serait dommage, compte tenu en outre du prix du billet !
Le thème de l'exposition, c'est un regard sur le regard que portaient sur l'Égypte des hommes vivant voici deux cents ans. Un double prisme. Bonaparte était accompagné de scientifiques et d'artistes. C'est tout à son honneur. Mais qui étaient la plupart des hommes qui le suivaient, hormis des guerriers mus par un esprit de conquête ? Ne s'agissait-il pas de déposséder les Égyptiens de leur histoire ou, du moins, d'en faire peu de cas ? Les étapes successives de cette campagne (1798-1801) sont relatées : documents écrits, dessins... Rien qui me passionne... Je préfère les antiquités elles-mêmes. Il y en a, égrenées au fil des différentes salles. Statuettes, vases canopes,  couvercles de sarcophages, papyrus (je pense à Scribe...)... Ce qui me frappe le plus et m'émeut est le poing monumental en granit rose de Ramsès II. Peut-être parce qu'un de mes chats se nomme Ramsès ? Ce fragment de statue possède une grande force expressive que le temps n'a pas émoussée. C'est une main royale, autoritaire ! Il est conservé au British Museum à Londres.
L'expo nous rappelle enfin que l'expédition d'Égypte a suscité une mode architecturale et décorative, dont des exemples sont présentés. Elle est aussi à l'origine de l'"égyptomanie", qui continue d'attirer les foules (et moi-même !) dans les musées. En ce sens elle a toujours des résonances aujourd'hui...
La visite se poursuit. La lumière dans les salles est pauvre. Il faut se pencher sur les manuscrits, les pages de livres, coller le nez sur les gravures. Je sors de là avec les yeux "explosés". Vite, la lumière du jour !
Heureusement il fait beau. Un café à une terrasse de la Grand-Place. Dans une charcuterie, la seule ouverte aux alentours en ce samedi après-midi, j'achète une andouillette (démesurée !), spécialité de la ville qu'on ne trouve que sur place, histoire d'atténuer ma semi-déception !
Pour se sentir proche de l'Égypte ancienne, rien de tel, finalement, que des chats qui portent des noms égyptiens. Ramsès, par exemple, dont le look sort de l'ordinaire. Je lui demande souvent : "Tu m'aimes, fils ?" Mais je dois avouer que parfois, ces chats, Imhotep sur les nerfs...


Musée des Beaux-Arts
Rue Paul Doumer
62000 Arras

L'expo est visible jusqu'au 19 octobre. Entrée 7 €.

mardi 6 octobre 2009

A Duclair


Tout de suite à droite après le ralentisseur...

Il est des lieux où l'on aime se poser, s'attarder. Où l'on se sent bien. Sur le chemin de halage à Duclair le temps s'écoule au fil de la Seine, à un rythme qui n'est pas celui des villes et des routes. C'est là que vivent Monsieur et Madame Lefèbvre, dans une belle maison normande au toit de tuiles brunes.
Chez eux c'est le calme, la verdure. La paix. Celle que je ne peux trouver qu'en Normandie, peut-être. Ils ont ouvert l'an dernier cette chambre d'hôtes. Ils se mettent en quatre pour vous rendre le séjour agréable.
La chambre et la salle de bain sont spacieuses. On y traîne volontiers. On prend le temps.
Le petit déjeuner est un moment de pur plaisir. Le café est parfumé à souhait, les confitures maison vous rappellent les plus doux moments de votre enfance. Dans le salon, l'âtre attend les premiers frimas pour s'éclairer d'une bonne flambée.


Et si j'essayais le bateau-stop ?

Des fenêtres de la chambre, on est aux premières loges pour voir passer les bateaux qui remontent ou descendent la Seine. Spectacle imposant et insolite dont je ne me lasse jamais !
Le beau temps de ce tout début octobre nous a permis de prendre les repas du soir sur le balcon, le bonheur !


Des géraniums aussi généreux que l'accueil.

Enfin, last but not least, j'ai eu la joie de faire connaissance avec les trois chats et le chien de la maison ! Pas tout à fait dépaysée, donc...
On a un petit serrement de cœur en quittant Mme Lefèbvre, qui sait si chaleureusement accueillir ses clients.
Une belle "rencontre", un lieu où revenir encore et toujours, quelle que soit la saison.
J'ai trouvé une chambre normande.

Annie et Pascal Lefèbvre
504, avenue Maurice Lefèvre
76480 Duclair
Tél. : 02 35 37 88 55
Un site Web ici


lundi 5 octobre 2009

Ôtez-moi d'un poids (lourd)



Brrrrr...

Une fois n'est pas coutume, je commencerai la semaine par un coup de gueule. Si je me suis juré de ne parler ici que de ce que j'aime, il est des faits qu'il faut exorciser. Et dénoncer.
Comme si le retour de Normandie n'était pas assez pénible en lui-même, il m'a fallu affronter l'agressivité de deux routiers au volant de leurs 40 tonnes.  J'ai vécu la scène en novembre dernier déjà. Sur la même portion de route, encore, entre Neufchâtel et Aumale ! Appels de phares, coups de klaxon, le tout à un mètre de mon pare-chocs arrière ! Peur, colère. Sentiment d'incrédulité. Ça ne peut pas recommencer ! Deux brutes cette fois ! J'ai écouté la voix de la sagesse et me suis garée dès que j'ai pu sur le bas-côté.
Qui sont ces détraqués ? Se rendent-ils compte qu'ils mettent en danger la vie d'autrui ? Contrôlent-ils vraiment leurs engins ? Savent-ils jusqu'où ils peuvent aller ? Rage, bêtise, sadisme, haine de l'"autre", je me demande aussi ce qui les "motive". J'espère que ce n'est pas la simple vue d'une femme au volant ! Heureusement ces abrutis travaillés par un trop-plein de testostérone ou une alcoolémie frisant le délit de conduite en état d'ivresse sont la minorité (mais il faut que je tombe dessus, naturellement !).
Les routiers ne sont pas tous sympa.
Une grosse frayeur, donc... Éviter la RN 29, pardon, la D 1029, le vendredi après-midi...

La photo est tirée du film Duel de Steven Spielberg. 

PS : je vous rassure, il ne s'est pas passé que ça en Normandie !

mardi 29 septembre 2009

L'Eternel Retour



Je me suis décidée, à la faveur d'une remise au Printemps. L'Heure Bleue, mon vieux compagnon, est de retour. Il ne m'a jamais vraiment quittée (par là j'entends que j'en ai toujours gardé un flacon, mais je me sens bien hypocrite en proclamant ma prétendue "fidélité").
Guerlain. Une connotation bien trop BCBG pour moi. Des jus classiques. Des souvenirs pas forcément agréables. Porter L'Heure Bleue, c'était refuser d'évoluer, de secouer ma mue. Depuis quelques années je me suis tournée vers les Lutens, ces puissants philtres orientaux. Et puis.
J'ai commencé par quelques pschitt d'eau de parfum, le soir. C'était un besoin que j'éprouvais avant de me pelotonner sur le canapé, devant un bon DVD, dans une lumière douce. Mon parfum oublié m'apportait plaisir olfactif et réconfort. Je retrouvais le matin sur ma robe de chambre (celle qui fait fuir les araignées) ses notes de fond balsamiques et poudrées. Une sorte de réappropriation. L'atomiseur n'est pas neuf et le parfum s'est peut-être altéré. Parfois il me semble que oui, parfois je retrouve toutes ses notes intactes. Elles exhalent même des accords insoupçonnés jusque là : le Sénophile que l'on mettait sur les fesses des bébés "de mon temps", la pâte d'amande, la cire d'abeille (mais peut-être est-ce dû au fait qu'il a "tourné", justement ?). Il y a le piquant, l'amer et le doux. Pour en avoir le cœur net, j'ai re-senti l'eau de toilette voici peu, sur mon bras, pas sur une mouillette. J'ai découvert qu'elle me plaisait toujours. Ses notes sont moins insistantes, plus douces. L'eau de parfum possède quant à elle une autre dimension, qui amplifie certains accords...
Les deux "versions" m'enveloppent d'une aura sacrée protectrice.
Une histoire faite pour durer de nouveau ? Je ne sais pas. Mais je sais que si les amours passent, les parfums restent.
C'est donc au stand Guerlain du Printemps que je suis passée à l'acte.
La femme est un roseau dépensant.

lundi 28 septembre 2009

L'aventure commence à l'aurore



Les vêtements et les produits de beauté qui rejoignent l'un après l'autre le sac de voyage. Le chargement de la batterie du zap. La vérification des niveaux de la Tine. Le stock de provisions pour les chats. Je ne m'inquiète pas pour eux : non qu'ils sachent ouvrir les boîtes eux-mêmes, mais une voisine dévouée en prendra soin.
J'ai réservé pour deux nuits en chambre d'hôtes à Duclair. La maison est en bordure de Seine. Départ mercredi matin. Peut-être un crochet par Dieppe, en fonction de l'état des troupes.
Mais que d'obstacles, que de complications, tant extérieurs qu'intérieurs, comme le souligne Gris-Bleu, avant de se décider, de se lancer !
J'évite de penser au retour.
Découverte d'une nouvelle chambre normande. Le lieu, je le connais bien. Duclair, c'est une histoire très ancienne. Elle va s'offrir un peu de renouveau.

L'aventure commence à l'aurore
A l'aurore de chaque matin
L'aventure commence alors
Que la lumière nous lave les mains !



(Le texte complet est ici)

vendredi 25 septembre 2009

Ecrits et larmoiements



Séjour en Normandie reporté depuis des semaines, des mois, même... je désespère. Je m'étais promis d'"essayer" une chambre d'hôtes en bordure de Seine à Duclair, fraîchement repérée sur le Net. Je m'étais promis beaucoup de petits voyages cette année, et puis...
Je suis clouée ici. Je vois la chambre normande se transformer en mirage, s'éloigner.
Les soucis se sont accumulés. Des travaux d'étanchéité qu'il faut envisager sur mon toit, des réparations sur ma voiture  ("la Tine") qui vieillit...  Des choses matérielles, certes, mais qui affectent et le moral et les finances.
Condamné à l'immobilité, on se trouve des prétextes : le couvreur qui doit passer pour faire un devis, ma chatte Taïga qu'il faudra conduire chez le vétérinaire pour s'assurer que la suture cicatrise correctement (elle a dû être "recousue" suite à un vilain abcès qui ne lui a plus laissé de peau sur une grande partie du cou)...
Rien n'avance et l'été est passé...
Je plonge dans des bouquins pour échapper mon environnement que je n'aime pas. Un pis-aller ! Ainsi, à défaut d'autres destinations, j'ai beaucoup voyagé en Terre du Milieu ces derniers mois. Il y a des gens qui rêvent d'y vivre et ont encore moins de chances que moi de voir leur désir se réaliser. Relativisons, donc. Mais, quand même...
Les dîners au Comptoir à Huîtres me manquent. Je suis même prête à me contenter d'un café face au port de Dieppe ! Au Mascaret, par exemple, ce café qui porte le nom de mon "Tout-Doré" ! Et les fameuses brebis de Douvrend que je vois (lorsqu'elles sont de sortie) en passant par ma petite route et qui n'ont pas leurs pareilles au monde !
Et une bière au "Big"... Et simplement flâner dans les rues de Rouen, capter l'atmosphère de ma ville grise et bleue...
Faut-il renoncer, se résigner ? Se dire qu'on n'ira plus "là-bas" - trop de soucis, de contraintes - et l'accepter ? Apprendre à se contenter de ce qu'on a ? De petites distances, de petits "ailleurs" ? Est-ce là la sagesse ? Je ne suis pas sûre que les "privations" mènent à la béatitude...
Penser à la Normandie est-il le meilleur moyen de se rendre malheureux ? Je me refuse encore à le croire...

mercredi 16 septembre 2009

A l'ouest de la Lune, à l'est du Soleil


J'éprouve, en lisant les histoires de Tolkien, le même sentiment que lorsque mes parents me lisaient des contes de fées quand j'étais enfant. Trolls terrifiants, fées, princesses et chevaliers... J'en redemandais. Ma mère en devenait aphone. L'apprentissage de la lecture a marqué le début de mon autonomie. Si j'y réfléchis, peu de choses dans ma vie ont eu l'importance de cette découverte. Elle a entre autres permis à ma mère de retrouver sa voix, quoique... se laisser raconter des histoires (des contes de fées, j'entends !) est un plaisir inépuisable, unique, qui n'a pas disparu avec l'âge.
C'est peut-être une des raisons pour lesquelles j'aime John Ronald Reuel Tolkien. Il est pour moi avant tout un fabuleux conteur. Il est une voix. Je suis venue à lui sur le tard. La trilogie filmée du Seigneur des Anneaux, découverte en début d'année (bon, bon, on va dire que j'assume !), a provoqué le déclic. La suite a été comparable a un lâcher de barrage. L'auteur s'est engouffré dans ma vie et n'en est plus sorti. Lecture du roman éponyme, du Silmarillion, des Contes et légendes inachevés, de bribes d'Histoire de la Terre du Milieu et tout récemment de Bilbo le Hobbit, que j'ai adoré, et des Enfants de Húrin, dont la fin m'a fait pleurer... La Terre du Milieu est désormais une dimension - elle-même multi-dimensionnelle - de ma vie, et je redoute par-dessus tout l'épuisement des textes, si abondants et si riches que l'idée même en est à peine concevable... Dire qu'il a fallu atte(i)ndre la quarantaine bien sonnée une certaine maturité pour vivre cette expérience...
C'est ainsi que suis devenue sans même m'en apercevoir une vraie geekette, capable de citer la généalogie de tel ou tel personnage (ou presque). Je n'aime guère la "spécialisation", le fanatisme (pseudo) intellectuel, les chapelles. "Faites ce que je dis, pas ce que je fais". Telle est l'inconséquence de l'esprit humain. Depuis quelques mois en effet je bassine j'en parle abondamment à mon entourage. Je contrains mère et amis à lire les œuvres de Tolkien sous peine de ne plus jamais leur adresser la parole. Engouement passager ? Je ne crois pas. Évasion et consolation sont plus ou moins nécessaires selon les périodes, et cette lecture répond à une "demande". Peut-être à une demande éternelle de l'humanité...
J’ai eu envie d’en savoir plus sur cet auteur. Qui était-il ? Comment en est-il arrivé à la création d'un monde imaginaire si complexe et si abouti ? On le  découvre, au fil de l'ouvrage d'Humphrey Carpenter, bon vivant, amateur de bonne chère, de vin et de bière. Conscient de sa culture exceptionnelle, de son talent et de l'ampleur de sa création, mais modeste. Rigoureux par son souci de précision et bordélique par ses méthodes ou plutôt son absence de méthode. Le Seigneur des Anneaux, avec son succès planétaire, a fait de lui, et bien contre son gré, un symbole de la contre-culture dans les années 60-70. Un comble pour un homme qui menait la vie "rangée" d'un professeur d'université (Leeds et Oxford) en philologie puis littérature anglaise. Une existence somme toute assez terne dans laquelle la création littéraire a ouvert de larges brèches sur un univers inépuisable, sans cesse retravaillé, enrichi (mais guère plus, pour ses collègues, et sans jeu de mots, qu'un hobby de doux dingue). En fin de compte, un démiurge à l'imaginaire foisonnant. Un homme à la fois "dans les normes" et "hors normes".
De fait on s'aperçoit que les clichés et les codes littéraires d'hier et d'aujourd'hui se révèlent impropres à définir, analyser cette œuvre monumentale.
La phrase qui m'a fourni le titre de ce billet est le premier vers d'un poème que Tolkien écrivit dans les années 1910. On peut voir dans ces œuvres "primitives" l'émergence de ses thèmes de prédilection et de ses héros, l'embryon de sa mythologie, créée pour habiller de chair et de légendes ses langues inventées. L'élaboration de son œuvre a duré près de soixante ans. Le labeur d'une vie. Je le compare à un bâtisseur de cathédrale. De ses lointains prédécesseurs il possède la patience, la persévérance, la précision extrême, le perfectionnisme, qui lui faisait reprendre, voire réécrire des chapitres entiers, l'amour du travail bien fait, mais aussi le doute et le découragement. Et surtout la foi, dans tous les sens du terme. La foi catholique, héritée de sa mère, qui était la sienne, et l'élan spirituel sans quoi rien de beau, de durable ne se crée. Parfois dans la souffrance. Car la foi peut aussi bien vous porter qu'être portée comme une croix...
De la biographie établie par Humphrey Carpenter, on pourrait dire qu'elle est sans prétention. Humble.  Respectueuse. Comment, de toute façon, aborder autrement Tolkien et son œuvre ? L'ouvrage n'est pas toujours très bien écrit (ou bien traduit) mais c'est néanmoins une lecture très vivante, et pas du tout ennuyeuse. Elle m'a rapprochée du grand homme. Je l'ai "vu" au travail, dans son bureau encombré, parmi des montagnes de bouquins, dans sa vie quotidienne.
On pourra aussi constater au passage que les Orcs sont toujours parmi nous. Je gagerais que Tolkien s'est inspiré de certains de ses contemporains pour dépeindre ces créatures, dont l'espèce se perpétue...
A la question que je me pose encore et encore en lisant  "JRRT" : "Mais où est-il allé chercher tout ça ?", il n'y a pas de réponse. On n'apprend rien, ou très peu. On saisit, bien sûr, l'influence d'événements survenus durant l'enfance, de lectures, de fréquentations. Des sources d'inspiration, il y en a eu, et il faut aller les chercher dans la passion précoce de l'auteur pour les langues anciennes et modernes, dans les "gestes" nordiques et anglo-saxonnes, dans les épopées d'un autre temps. Il y a aussi l'expérience douloureuse de la Première Guerre mondiale, les champs de bataille de la Somme, et la traversée de la Seconde Guerre dans une Angleterre ébranlée, quoique Tolkien se soit toujours défendu de recourir à l'allégorie. Mais le mystère de la création, de ce qui peut pousser dans l'esprit humain, reste entier. Irréductible. On ne trouve pas Tolkien dans sa biographie. On le trouve dans ses livres. Que je vous invite à découvrir ou redécouvrir. Ce sont de merveilleux moments assurés - surtout si vous êtes au nord de la pluie...


"J.R.R. Tolkien, une biographie" par Humphrey Carpenter, chez Pocket

mardi 15 septembre 2009

Le geste


Les toilettes de La Chicorée à Lille. C'est l'heure de la réfection post-déjeuner. Pas question d'affronter  la rue sans rouge à lèvres, dont le bord du verre et la serviette ont emporté jusqu'au dernier pigment.
Une femme, assez BCBG, cheveux courts et gris, plus âgée que moi, se mire dans la vaste glace au-dessus des lavabos. Comme parfaitement synchronisées, nous sortons un tube de rouge de nos sacs et appliquons la couleur de concert.
Même geste, tube quasi similaire et pour cause : ils sont de la même marque. Je ne peux m'empêcher de lancer une remarque, faisant violence à ma coutumière réserve :-). La dame se tourne vers moi, me regarde, sourit. I can't speak French, dit-elle. Je n'avais pas pensé à ce cas de figure. Nombreux sont les Anglais à Lille depuis la mise en service de l'Eurostar. Je rassemble en urgence mes connaissances de la langue de Paul McCartney. Le bref dialogue est chaleureux. Complice, presque. Il est question des qualités des rouges Clinique. Je souhaite un bon séjour lillois à la femme, puis regagne ma table, amusée, ragaillardie et pensive.
Se remettre du "rouge". Un universel féminin qui s'exprime au-delà des barrières de l'âge, des styles et des territoires. Un geste si "léger", si frivole et pourtant chargé d'un sens connu de nous seules, peut-être... Je viens d'en avoir une conscience aiguë.
God save the lipstick.

samedi 29 août 2009

La bête et la Bête

L'été tire à sa fin. C'est le moment où les araignées viennent chercher quelque chaleur dans les maisons. Pas des faucheux graciles, pas des épeires rondelettes mais peu impressionnantes, mais d'énormes araignées aux pattes immenses et au corps de la taille de l'ongle d'un pouce.
Je me suis trouvée nez à nez avec l'une d'elles l'autre soir, dans ma chambre, au moment de me coucher. Médusée, aussi incapable de fuir que d'agir, je ne pouvais détacher mes yeux de la bête dans son ascension hésitante, ses longues pattes s'étirant lentement sur le mur en d'affreuses enjambées. Par ailleurs je ne voudrais pour rien au monde occire une de ces bestioles.
Il ne me restait plus qu'à tenter une incantation à l'Etoile d'Eärendil, la Bien-Aimée des Elfes. C'est censé les effrayer et les tenir à distance. C'est encore plus efficace si on brandit la Fiole de Galadriel, qui emprisonne la lumière de cet astre et chasse toutes ténèbres. La preuve, ça se passe comme ça dans le film, quand Frodon et Sam sont aux prises avec Arachné ! Las ! Point de cadeau elfique en ma possession ! La formule a pourtant semblé faire effet : le monstre est allé se cacher. Je ne sais où, c'est bien là le problème...
J'ai donc laissé ma compagne nocturne à ses évolutions murales, tant que celles-ci demeurent invisibles. Mais j'ai eu beaucoup de mal à trouver le sommeil.
Vous comprendrez qu'il me fallait immortaliser la scène en jouant du crayon (et surtout de la gomme). Vous pourrez ainsi admirer mes talents de dessinatrice et ma magnifique robe de chambre à fleurs ! Et noter une fois de plus combien la lecture de Tolkien m'a marquée...

vendredi 28 août 2009

Le prochain amour 2


Les souvenirs qui me traversent
Sont des aiguilles qui me transpercent
Des aiguilles de séquoia
Plantées jusqu'au bout de mes doigts

J'ai connu fort peu de coups de foudre en matière de parfum. Trois en vingt-quatre ans, c'est tout dire... Le dernier est tout récent. A vrai dire je ne croyais plus à ce genre d'événement, même si je l'espérais encore.
Ainsi, le titre n'est pas exact ! J'avais parlé l'an dernier de mes hésitations devant trois parfums parmi lesquels je ne savais choisir mon prochain compagnon. Tous trois me plaisaient assez sans qu'aucun fasse le pas décisif vers moi. C'était plutôt tiède. Au fond de moi j'attendais toujours la révélation. L'amour. Au présent, pas au futur.
C'est l'effet qu'a eu sur moi Fille en Aiguilles, la dernière création "grand public" de Serge Lutens. Une seule bouffée sur le bras m'a entraînée bien loin du stand Shiseido du Printemps. C'était quelque chose de vibrant, profond, quelque chose qui me parlait, instantanément. J'ai d'abord été frappée par un encens sombre, opulent. Il s'étoile de larmes de résine de pin qui s'échauffent sur la peau et se déploient en lentes volutes. Au plaisir que j'ai ressenti se sont ajoutées des images précises, et qui dit images dit émotions, souvenirs vivants, présents : l'intérieur d'une église romane (ah, le "myrrhon" humé à l'abbaye de Blanchelande ! Et les bancs cirés de l'église de Gerberoy...) et les bonbons des Vosges. Et le "Contre-Coup" de l'Abbé Perdrigeon, qui faisait merveille appliqué en compresses sur les bosses et les ecchymoses (il devait contenir du benjoin à l'époque mais sa formule a changé). Il y en avait toujours un flacon dans le frigo quand j'étais petite. Dans le registre proprement parfumesque, j'ai aussi pensé à mon Eau Trois, que Diptyque a traîtreusement rayé de son catalogue. Mais les notes encens et térébenthine de ce dernier sont plus froides, plus désincarnées. Si L'Eau Trois est une abbatiale destinée à recevoir les prières les plus élevées, Fille en Aiguilles est une cathédrale aux larges bas-côtés accueillants. La lumière des cierges y réchauffe la pénombre. Il est chaleureux, enveloppant.
Cette capacité d'évocation est pour moi caractéristique des créations de Serge Lutens, ce magicien. La plupart sont plus que des parfums : des atmosphères, mais surtout des supports, des ailes pour la mémoire...
Enfin, dans le nom j'aime assez l'image d'une sylphe, mi-humaine mi-végétale (qui a dit un Ent ??!!) ou, peut-être, d'une Elfette attachée à sa forêt, aimant à parcourir les derniers lieux sauvages du monde. Je tombe sur cette phrase dans Le Seigneur des Anneaux : "the deep resin-scented darkness of the trees". Elle me semble correspondre à ce parfum : l'obscurité profonde à la senteur de résine des arbres.
Ah, si je pouvais photographier cette odeur ! Ce serait à la fois, si c'est possible, un feu de bois crépitant et un crépuscule d'été à la lisière d'une pinède. Un soir paisible à l'écoute de la vie qui palpite sous l'écorce d'un grand séquoia.
Fille en Aiguilles, c'est une rencontre.

PS : et, bien sûr, il me le faut !


Photo : séquoia, Kings Canyon National Park, USA.
Avec l'aimable autorisation d'Andrew Hecht

jeudi 27 août 2009

Mewcomer (nouveau velu)


Frodon de la Comté, celui qui a vu... l'Oeil !

6 juin 2009...
La première image, ça pourrait être celle-là : un arrière-train de chat dépassant d'un pot de fromage blanc (dont mes pensionnaires sont friands autant que leur humaine) sur le sol de la cuisine. Ce qui est, je vous l'accorde, insolite.
Le demi-chat file dès qu'il perçoit une présence près de lui, les moustaches constellées de fromage blanc.
L'intrus - qui comporte aussi des pattes de devant et une tête - est un tout petit chat noir et blanc aux yeux cuivrés. Il est très timide. Impossible de l'approcher à moins de trois mètres : il détale à la moindre tentative. Il accepte la nourriture et en redemande ! Il sait manger comme un grand : il peut avoir deux mois...
Au bout de quelques jours il quitte la buanderie pour prendre ses quartiers dans mon bureau. Toujours aussi sauvage, l'animal ! Pas même question de lui effleurer le dos ! Ingrat !
Est-ce une fille, un garçon ? Phase aigüe de tolkienite oblige (le mal, je le crains, s'est chronicisé) il est décidé de le baptiser Frodon. Je vois et j'entends d'ici les puristes sauter au plafond : le Frodo initial de JRRT n'aurait pas dû être francisé par le traducteur. Tant pis ! Le prénom de Frodon a été popularisé par les films de Peter Jackson, pas grand-monde n'y trouvera à redire (et re- les puristes qui s'insurgent et me font les gros yeux). Pour le "genre", on avisera une fois la "vérification" faite (si c'est possible un jour).

Petit à petit, nous nous apprivoisons mutuellement. Après deux bonnes semaines, Frodon se laisse approcher, puis caresser. De plus il ne sera pas débaptisé : c'est bien un garçon !
Adopté par mes autres chats, il a pris sa place dans la maisonnée. Je crois qu'il avait choisi SA maison : en arrivant ici, il savait ce qu'il faisait. Dès lors je n'avais plus mon mot à dire. Comment a-t-il trouvé son chemin, je n'en sais rien. Guidé par quelque personnage fantastique?...
Quoi qu'il en soit, ce sont toujours ces idiots d'humains qui se laissent avoir et se plient à la volonté des chats...

mercredi 26 août 2009

Quelques mots d'hommage

Il n'y a pas que les chats qui nous quittent. Le vent du nord, cette fois encore, n'apporte pas une bonne nouvelle, et il est dit que ce blog prendra une fois de plus la forme d'un chant d'adieu.
J'ai appris lundi la disparition du patron de La Chicorée Patrick Buret.
Depuis deux ans et demi, j'ai fait de La Chicorée, brasserie toujours animée, mon point de chute à Lille. Certes, il y a eu des infidélités, mais j'y revenais toujours, pour déjeuner avec ma mère ou des amis, ou prendre un café (un bon café en général).
A force de voir nos têtes, le "patron" (il était en fait directeur d'exploitation de six restaurants lillois) a commencé à nous saluer. Puis ce furent poignée de mains et échange de quelques mots sur le boulot, la pluie et le beau temps... Un homme souriant, affable, discret, manifestement soucieux de la satisfaction et du bien-être de sa clientèle. Un bel homme, ce qui ne gâtait rien. Nous étions sensibles à cet accueil, nous nous sentions quelque peu "privilégié(e)s".

Pour moi, c'est un point de repère qui disparaît, et Dieu sait si je suis attachée à mes "racines" lilloises. Je n'aime pas qu'on touche à mon "environnement". Surtout de cette façon...
Me vient à l'esprit cette citation de Vialatte (pas trop estropiée j'espère) : "Comme disait je ne sais plus qui, 'il y a trop de gens qui se mêlent de vivre'. Malheureusement il y en a aussi trop qui se mêlent de mourir".
Plus le temps passe et plus je me demande quels sont les "critères de sélection" de la Faucheuse. Contre toute attente, elle s'est mêlée trop tôt de la vie de Patrick Buret.
Ce ne sera plus jamais pareil à La "Chico".
Adieu, Monsieur Buret. Nous ne vous oublierons pas.