dimanche 23 juin 2019

CommedesBijoux : malle aux trésors vintage

J'ai découvert Etsy voici peu de temps grâce à ma consoeur et amie blogueuse Hélène Flont, qui propose ses ravissantes créations picturales sur cette "place de marché" en ligne. En furetant sur le site (il me semble me souvenir que j'avais cherché "bijoux chats" 😉), je suis tombée nez à nez avec la boutique virtuelle CommedesBijoux, hypnotisée par de superbes boucles d'oreilles clips dorées, un modèle des années 60, neuf, au motif mi-figuratif, mi-abstrait, entre fleur stylisée et soleil rayonnant. Je n'ai pas pu résister longtemps. Elles sont arrivées chez moi vingt-quatre heures après le passage de la commande. Posées sur leur pochon de satin orange, elles étaient encore plus belles, comme coulées dans l'or. D'autres achats ont suivi, autant de plaisirs qui rendent la vie plus douce. Il faut dire que les prix sont très raisonnables !

 Éblouissantes...

Devant les trésors déployés par cette boutique, ces bijoux que je m'imaginais pourvus d'une histoire et d'une âme, j'ai eu envie d'en savoir plus. Sur leur provenance. Leur histoire, justement. Rendez-vous téléphonique fut pris - la société est basée à Paris. Véronique a bien voulu répondre à mes questions et satisfaire ma curiosité !
A l'origine, des sœurs jumelles parisiennes, Véronique et Sylvie. C'est en côtoyant les grossistes en bijoux de la rue du Temple qu'elles forment le projet de se lancer à leur tour dans cette activité - à laquelle rien ne les prédestine ! Elles fondent leur propre entreprise, Dwador, en 1999, voici tout juste vingt ans. Les sœurs travaillent essentiellement avec les professionnels. D'emblée, elles souhaitent se démarquer de leurs confrères qui distribuent une production chinoise assez banale, uniforme. A leur catalogue : des collections de bijoux en argent massifs, en plaqué or et fantaisie, ces derniers de la maison anglaise Sphinx. Une société réputée qui a vu le jour après-guerre, en 1948, et qui, outre ses propres modèles, crée pour des clients prestigieux, en Europe comme aux États-Unis : Kenneth Jay Lane, Butler & Wilson, Nina Ricci, Caura, Fried Paris, Saks 5th Ave., Neiman Marcus, Bloomingdales, Marks & Spencer...
Au début des années 2000, le directeur de Sphinx se résout, faute de repreneur, à fermer boutique. Il propose aux deux sœurs de racheter son stock - "un gros stock". Une aubaine pour ces deux passionnées : plusieurs milliers de pièces toutes d'époque, plusieurs décennies de création féconde et sans cesse renouvelée préservées dans leur beauté. Depuis, Véronique et Sylvie reconnaissent être surtout connues dans l'univers de la bijouterie "grâce à ces produits-là", qu'elles diffusent sur Etsy mais également sur leur propre site de vente en ligne. Des pièces rares, voire uniques, siglées ou numérotées. Vintage mais neuves. Survivance d'un âge où fantaisie, originalité et qualité faisaient bon ménage, elles n'attendent que le lobe d'oreille ou le poignet qui les portera. Les collectionneurs ne s'y méprennent d'ailleurs pas. Les clients sont japonais, chinois, libanais, anglo-saxons, russes, tous friands de ces merveilles dont les secrets de fabrication appartiennent eux aussi à un autre temps et qui s'offrent à nos yeux dans un état de conservation remarquable. Les clips en particulier sont très recherchés, ce système de fermeture tendant à disparaître du marché.

 Le raffinement d'un bracelet baroque...

Chaton fripon pour égayer une veste noire...

Broches, boucles d'oreilles et bracelets baroques, boutons de manchettes, toutes ces sublimes parures sont empreintes d'une classe intemporelle qui ramène aux grandes heures de la haute couture des décennies enfuies. Leur style affirmé enchantera celles et ceux qui font le choix de se singulariser sans céder aux attraits factices du tape-à-l’œil. Je les porte les jours où j'ai envie de chic, de vrai chic, en décalage ou en harmonie avec ma tenue.
Ces bijoux vintage ont bien une personnalité et une histoire... et j'ai pu, grâce aux sœurs jumelles, percer une partie de leurs secrets !

Encore mille mercis à Véronique pour sa gentillesse, sa disponibilité et son enthousiasme communicatif pour son métier !

Outre la "boutique virtuelle" d'Etsy, on trouve les bijoux Sphinx, de même que de délicates créations contemporaines, à cette adresse :
https://commedesbijoux.com/

vendredi 14 juin 2019

La vie intime est maritime


J'ai retrouvé dans mes cartons virtuels ce texte - façon "courrier des lecteurs" - publié voici un petit paquet d'années dans le bulletin des plaisanciers de la pointe d'Agon. Rien que ça ! Le thème du vocabulaire maritime me trottait dans la tête depuis un moment. J'avais listé les expressions ayant trait à la mer ou issues du langage des marins. L'inspiration est venue. Le texte est toujours là. Il ne me semble pas - contrairement à son auteur ;-) - avoir trop vieilli. Je n'y ai point touché. 

Cher Président,

Mon récent passage dans le cadre enchanteur de la pointe d’Agon a éveillé – ou réveillé – en moi quelques réflexions à propos de particularités linguistiques liées à l’univers que vous connaissez bien. La mer et les bateaux fournissent abondamment notre langue en expressions de toute sorte, le plus souvent sous la forme de métaphores. Pourquoi ? Sans doute parce que le jargon maritime, mieux que tout autre, se prête à imager les situations de la vie quotidienne. De toute évidence, le français garde les sédiments de ses anciennes traditions marines. Ceci est quelque peu paradoxal pour un peuple dont la culture maritime ne constitue pas le trait dominant ! “Passer un cap”, “redresser la barre”, “dériver”... Que de mots lourds de mémoire prononcés machinalement ! On accoste une jolie femme, le cœur chavire... L’influence du parler des gens de mer s’étend bien au-delà de ce que les linguistes nomment "champ sémantique de la marine". L’aviez-vous remarqué ?
La plupart de ces locutions ont été déformées par l’usage ou ont subi un glissement de sens qui les a éloignées de leur signification d’origine. On note que peu d’entre elles sont encore en usage chez les marins. On a beau se creuser les méninges, aucun lien apparent avec le sens premier n’en jaillit. Qui pourrait imaginer, quand sa voiture refuse de démarrer, que ce verbe signifiait à l’origine “rompre accidentellement ses amarres” ? Voilà notre conducteur en rade : c’est la panne, assurément, qui, avant de s’appliquer à des moteurs et autres mécanismes, désignait l’arrêt d’un navire par réduction de sa voilure, si je me fie aux dires du Petit Robert.
Qui, d’un marin ou d’un simple quidam, sait le mieux s’il est pertinent de mettre les voiles pour prendre le large plus rapidement ? Le tout sans même savoir, bien sûr, s’il arrivera à bon port.... Se rappelle-t-on qu’en étant en bordée on risque d’avoir du vent dans les voiles ? A quoi on pourra rétorquer que cela vaut mieux que d’être tristement encalminé... Il se peut que cette tendance soit ancrée dans nos habitudes. Pas question de baisser pavillon si l’on vient de se faire larguer et que l’on est au creux de la vague ! Après avoir touché le fond, il faut sérieusement envisager de se remettre à flot ! Ceux qui savent mener leur barque, voire naviguer à vue, même au cours d’un débat houleux, vous le diront, surtout s’ils ont beaucoup bourlingué. Il est tellement plus agréable d’avoir le vent en poupe, sans toutefois omettre de veiller au grain... Et il y en a tant d’autres, impossibles à citer sans provoquer la lassitude du lecteur...
Ce ne sont là, cher Président, que quelques considérations linguistico-marines que je tenais à vous livrer. Puissent-elles vous permettre de ne point désespérer du peu d’intérêt de nos compatriotes pour les choses de la mer : celle-ci bat toujours au cœur de notre langue et, si le coq gaulois n’est pas marin, le français est bel et bien maritime, il a gardé la saveur rêche du sel et de l’iode, et les couleurs de l’horizon.

Recevez mes plus cordiales salutations.

Une lectrice occasionnelle du "Bout du Banc".