On ne lit pas impunément des polars nordiques depuis six ans et demi au moins. A force, on finit par connaître les coutumes des pays scandinaves (qui a dit : "Le 59, c'est déjà l'Europe du Nord" - variante : "le Cercle Polaire" ?). En Suède, la célébration de la Sainte Lucie en est une. Elle a lieu le 13 décembre. On y fête la lumière, paradoxe alors que les jours sont les plus courts de l'année. Chants, processions dans un foisonnement de bougies, dégustation de brioches au safran... Cet usage rejoint le vieux dicton de chez nous qui veut que
les jours croissent "à la Sainte Luce, du saut d'une puce, au Noë, du
saut d'un baudet" tandis qu'"aux Rois, on s'en aperçoit". Réminiscence
du calendrier julien selon lequel le solstice d'hiver tombait le 13 décembre. Le dernier Edwardsson que j'ai lu, Le ciel se trouve sur terre, fait amplement état de ces pratiques festives qui soulignent l’ambiguïté du feu, ardeur païenne et élévation spirituelle. Un bouquin quelque peu déroutant, soit dit en passant, puisque, s'il est le dernier opus de l'auteur sorti en poche, il occupe la cinquième position dans la chronologie des enquêtes du commissaire Winter. Une chatte n'y retrouverait pas ses petits.
Cette année, tout imprégnée de culture nordique "livresque", j'ai conçu l'envie d'adopter cette tradition. De l'adapter aussi : point de brioche safranée, point de défilé dans les rues (seule, une chandelle à la main, j'aurais fait piètre figure)... Reste son essence même : l'hommage à la lumière, à travers les bougies allumées dans la maison, telles un défi à l’obscurité.
Face à ce bouquet de flammes, il a bien sûr fallu veiller à ce que les fourrures félines ne s'embrasent pas. Cela a déjà été le cas par le passé, un soir de Noël, un ou deux de mes bestiaux, dans leur imprudence et leur assurance, ayant frôlé ou enjambé une bougie. Il en est résulté une touffe de poil carbonisée, l'odeur caractéristique de la kératine brûlée, mais fort heureusement point de bobo : les chats sont-ils ignifugés ? Les individus concernés ne se sont même pas rendus compte de l'incident, qui a mis en émoi la maisonnée...
La fête de la lumière est un acte de résistance et d'espoir au plus creux de la nuit, quand la clarté vitale semble sur le point de perdre le combat, quand on doute que la Terre, accablée par le poids croissant des ténèbres, relève jamais la tête.
Et puis, ces petites flammes, c'est aussi l'occasion de se remémorer les félins bien-aimés dont la vie fut "like a candle in the wind"... Les coutumes nordiques, même objets de quelques libertés et intégrées à une sorte de syncrétisme, ont du bon... Même si du coup elles vous remuent un peu l'âme...
Face à ce bouquet de flammes, il a bien sûr fallu veiller à ce que les fourrures félines ne s'embrasent pas. Cela a déjà été le cas par le passé, un soir de Noël, un ou deux de mes bestiaux, dans leur imprudence et leur assurance, ayant frôlé ou enjambé une bougie. Il en est résulté une touffe de poil carbonisée, l'odeur caractéristique de la kératine brûlée, mais fort heureusement point de bobo : les chats sont-ils ignifugés ? Les individus concernés ne se sont même pas rendus compte de l'incident, qui a mis en émoi la maisonnée...
La fête de la lumière est un acte de résistance et d'espoir au plus creux de la nuit, quand la clarté vitale semble sur le point de perdre le combat, quand on doute que la Terre, accablée par le poids croissant des ténèbres, relève jamais la tête.
Et puis, ces petites flammes, c'est aussi l'occasion de se remémorer les félins bien-aimés dont la vie fut "like a candle in the wind"... Les coutumes nordiques, même objets de quelques libertés et intégrées à une sorte de syncrétisme, ont du bon... Même si du coup elles vous remuent un peu l'âme...
Dans quelques jours, ce sera le solstice d'hiver. Dans quelques jours, la Terre commencera à relever la tête.