dimanche 28 juillet 2013

Vingt-quatre ans d'amour



Sables, c'est vingt-quatre ans d'amour aujourd'hui. Ça se fête. Je le fête tous les ans.
Par l'intermédiaire d'un ancien prof (j'avais en commun avec lui des origines slaves, et son père, à Grasse, était "dans" le parfum), j'avais passé une partie de la journée chez Quest International à Neuilly, important producteur de fragrances et d'arômes, et je m'étais gorgée de connaissances à la source même, auprès de ceux qui, de l'assistante de direction au big boss en passant par l'un des "nez" maison (Maurice Roucel en personne si j'ai bonne mémoire), détenaient le secret de la conception et la fabrication des parfums. J'avais été traitée comme une hôte de marque, découvrant même le dernier Guerlain avant son lancement, Samsara.
Les secrets étaient restés secrets, mais ces quelques heures avaient été très enrichissantes. Invitée par la maison, j'avais déjeuné avec la charmante assistante de direction, Odile. Nous avions évoqué les marques "de niche" (à l'époque on disait plutôt "confidentielles"), en parfums et en maquillage. A 16 heures j'avais, grisée et la curiosité attisée, repris mon bus vers mon hôtel parisien. Et, une fois arrivée à destination, entraîné ma mère vers les Galeries Lafayette, bille en tête. Je devais sentir ou re-sentir les Goutal. Oh, je les connaissais déjà un peu, j'avais porté Folavril (aujourd’hui supprimé du catalogue, quel dommage !). Un pschitt de Sables sur le bras m'avait immédiatement conquise. C'était LA rencontre. C'était le début d'un grand amour. Et j'avais quitté le grand magasin avec un petit atomiseur dans un sac beige et or. Je l'ai encore.
Depuis, les années se sont succédé, et les flacons de Sables aussi. Nous nous retrouvons dès les beaux jours. Inutile de préciser que cette année les retrouvailles furent fort tardives.


Cette année aussi Goutal a changé ses emballages (je refuse "packaging"). Le cartonnage est plus élaboré, plus luxueux tout en restant sobre, dans le "bon ton" maison. Je m'en bats l’œil peu me chaut. Mais me semble-t-il le jus a changé aussi. D'où vient cette infirme bouffée citronnée dont je mettrais ma main au feu qu'elle ne s'y trouvait pas auparavant ? Cette note goudronnée et ce musc, en fond, accentués ? "Mon" Sables se serait-il masculinisé, lui l’androgyne, pour moins dérouter une clientèle potentielle ? Si mon nez et ma mémoire ne me leurrent pas (et j'en doute, car je le connais trop bien), j'en suis triste... Mais je le porte quand même : il est toujours mon parfum d'été, et je ne peux imaginer les beaux jours sans lui, sans les souvenirs que m'apporte selon les jours chaque bouffée. Il est le message et le messager, celui qui me chuchote à l'oreille les heures de ma jeunesse.


Quest International a été racheté par son concurrent Givaudan en 2005. Exit Quest, nid pour moi de mémoire olfactive...
Mon premier flacon de Sables est en bas droite sur la première photo.