Voici un an tout juste aujourd'hui, à la veille de la Saint-Valentin, deux semaines après le départ de "mon Bébert", un bel inconnu faisait sa première apparition dans le jardin.
C'est un grand chat, de belle allure, fortement charpenté. Signe particulier : une tache noire triangulaire légèrement décalée sur le nez. Chose rare pour un matou, il est tricolore : outre du noir et du blanc, son pelage comporte un peu de beige et ses pommettes et l'extrémité de ses pattes semblent avoir été rehaussées à la poudre bronzante. Pour ne pas le laisser à l'anonymat, je lui cherche un nom, en référence à la Saint-Valentin bien sûr. Ce sera Valou.
Une gamelle de pâtée ou de croquettes est déposée pour lui tous les jours au pied du muret qui sépare la cour du jardin. L'animal est affamé. Mais il ne se laisse pas approcher et s'enfuit dès que l'on fait un pas vers lui, accompagné de paroles apaisantes.
Parfois Valou disparaît pendant plusieurs jours et je m'inquiète. Il fait à présent partie de l'environnement. A-t-il choisi, dans son errance, un autre asile ? Puis je le retrouve sur le toit de la cabane à outils du voisin. Il semble toujours aussi peu désireux de contacts humains. Il lui arrive de se faufiler dans la cuisine pour terminer les restes de ses congénères mais il file au moindre bruit de voix.
Les mois passent. Et puis début mai les choses évoluent. Alors qu'il réagissait par grognements et fuite dès qu'on tentait de l'effleurer, Valou se laisse caresser le dos. Premier baiser sur le bout du nez (il n'aime pas trop ça), premières photos... il s'installe à la maison, après trois mois de travaux d'approche mutuels !
Il est encore dans un triste état : côtes apparentes, ventre gonflé, robe par endroit pelée... Ce chat a souffert de carences, souffert tout court, il a été négligé, livré à lui-même. Après quelques semaines d'alimentation équilibrée, de soins et de caresses, c'est un tout autre Valou qui se révèle : il a pris du poids, son pelage est lisse et dru, il se déplace avec une assurance royale. Comme tout bon félin, attaché à son confort, il a choisi les meilleurs endroits pour s'établir : canapé, genoux et même... épaules et dos humains, à l'instar de Mascaret. Qui aurait imaginé ce scénario, voici un an ?
Parfois je lui chantonne, sur l'air du Chameau :
Ali ! Alou ! Et vive le Valou !
Voyez comme il trotte !
Ali ! Alou ! Et vive le Valou !
Voyez comme il est doux !
D'un naturel plutôt paisible, il ne faut cependant pas le "chercher" : il a alors tendance à distribuer prestement des tapes sur les arrière-trains de ses frères et sœurs. Mais un peu d'autorité ne messied pas à un matou de son gabarit...
D'où vient-il ? Quel âge a-t-il ? Il gardera ses mystères. Comme tous les chats...
Eh oui, Valou, l'inconnu du 13 février, est chez lui. Je le surnomme le Béluga (il pèse tout de même 5,6 kg !), Valouga, Vaval (comme le Roi du Carnaval de Cayenne) et Valou de la Valousie. Il a pris le temps, est arrivé à pattes de velours... mais l'attendre en valait la peine.