Non. Il ne s'agit pas d'un article sur un régime raté destiné à gommer un bourrelet abdominal que je n'ai pas (encore). Les brioches du titre sont bel et bien des pâtisseries.
Gavée Nourrie de littérature policière scandinave, j'avais voici deux ans célébré la Sainte Lucie, qui éclaire les âmes et les corps et apporte l'espoir alors que le jour, à l'approche su solstice d'hiver, se réduit à quelques heures grisâtres entre deux murs de nuit. Si j'avais les bougies pour chasser les ténèbres, il manquait la brioche au safran typique de ces festivités : c'est bien là la preuve que nous ne sommes pas en Suède. L'an dernier encore, si de petites flammes ont brillé en signe de résistance à l'obscurité, toujours point de brioche épicée. Cette année, une idée s'est fait jour, si je puis dire (vous constaterez que j'ai l'esprit très lent) : à défaut de brioche au safran, pourquoi ne pas réaliser de la brioche perdue safranée ? Une entorse à l'orthodoxie des célébrations nordiques, peut-être, mais la ferveur est la même. J'ai donc fait infuser la poudre du précieux pistil dans le lait avant d'y plonger les tranches d'une brioche quelque peu compacte. Passage recto verso dans deux œufs battus avant de les disposer dans une poêle où le beurre grésillait. J'ai servi accompagné de crème anglaise toute prête et bien bonne, ma foi. Résultat : un vrai dessert d'enfance, régressif et réconfortant, moelleux, alliant le chaud et le froid, souligné par le goût délicat, un peu insolite, mais point trop présent, du safran. Et dégusté à la lueur des bougies, bien sûr.
Quelque jours plus tard, au hasard de courses dans ce que les journalistes nomment par périphrase "un hypermarché du centre-ville" (il n'y a qu'un hyper et chacun sait très bien de quelle enseigne il s'agit), alors que je cherche une brioche, une pâtisserie haute et ronde, saupoudrée de sucre concassé, attire mon attention. Un coup d’œil à l'étiquette où je déchiffre "mouna" (ce nom que j'ai tant de mal à écrire sans majuscule). C'est la première fois que je vois ici cette spécialité oranaise et espagnole, réservée en principe... aux fêtes de Pâques ! Soudain apparaît à mes yeux la Moune, la Grosse Touffe, qui m'a il y a longtemps déjà amenée à goûter ce gâteau et sauvée d'un moment de détresse. Je suis émue. Et je prends la seule et unique brioche qui reste dans le rayon pour l'emporter à la maison comme un trophée. J'ai retrouvé la mouna.
Je remarque que les noms de mes chats parsèment ma vie. Garance avait son ou plutôt ses vins, Boris sa bière, Gavotte son rosé de Provence et ses crêpes dentelle, à présent la Moune se rappelle à nouveau à moi par une pâtisserie. Dans un autre domaine, le maroquinier La Bagagerie propose un modèle de sac à main baptisé Lara, hélas autrement inaccessible qu'une bouteille de côtes-du-rhône... Évidemment il me le faut (il ne porte pas seulement le nom de ma regrettée Très-Belle, il est... très beau). C'est bientôt Noël, direz-vous. Mais...
C'est l'hiver, c'est la nuit. Chaque homme dans sa nuit marche vers la lumière, écrivait Victor Hugo. Espérons que l'exilé de Guernesey avait raison. Englué dans le noir, on tire les jours avec ses dents. A la fin de ces nuits si longues, on attend. On attend que le premier photon se dégage de la masse obscure et, libéré, viennent bondir sous nos yeux affamés de clarté. Le solstice d'hiver est passé, le mouvement de glissade vers l'abîme s'est inversé, des photons danseurs vont se joindre de plus en plus nombreux à leur frère pour un remuant ballet qui gagnera toutes nos régions boréales. Aux Rois, nous célèbrerons la victoire de la lumière.
Mais au fait, existe-t-il une galette qui porte un nom de chat ?
Je remarque que les noms de mes chats parsèment ma vie. Garance avait son ou plutôt ses vins, Boris sa bière, Gavotte son rosé de Provence et ses crêpes dentelle, à présent la Moune se rappelle à nouveau à moi par une pâtisserie. Dans un autre domaine, le maroquinier La Bagagerie propose un modèle de sac à main baptisé Lara, hélas autrement inaccessible qu'une bouteille de côtes-du-rhône... Évidemment il me le faut (il ne porte pas seulement le nom de ma regrettée Très-Belle, il est... très beau). C'est bientôt Noël, direz-vous. Mais...
C'est l'hiver, c'est la nuit. Chaque homme dans sa nuit marche vers la lumière, écrivait Victor Hugo. Espérons que l'exilé de Guernesey avait raison. Englué dans le noir, on tire les jours avec ses dents. A la fin de ces nuits si longues, on attend. On attend que le premier photon se dégage de la masse obscure et, libéré, viennent bondir sous nos yeux affamés de clarté. Le solstice d'hiver est passé, le mouvement de glissade vers l'abîme s'est inversé, des photons danseurs vont se joindre de plus en plus nombreux à leur frère pour un remuant ballet qui gagnera toutes nos régions boréales. Aux Rois, nous célèbrerons la victoire de la lumière.
Mais au fait, existe-t-il une galette qui porte un nom de chat ?