jeudi 29 octobre 2009

Une Auvergnate



Je vous avais promis de vous parler de mes Auvergnats. Auvergnats métaphoriques, bien sûr, ceux de la fameuse chanson de Brassens. Leurs filles et fils spirituels. Ceux qui allument un petit feu en vous, ou raniment une flamme éteinte. Ils consolent, réconfortent, apaisent les souffrances physiques et morales. D'un regard, d'un geste, d'une parole,  ils vous éclairent quand tout est sombre. Ils balaient vos doutes au sujet de l'humanité. Ce sont des femmes et des hommes providentiels. On se demande si on les a mérités.
Il sera question d'une Auvergnate normande, ou du moins rencontrée en Normandie.
Janvier 2002. J'ai décroché un poste dans un organisme à vocation sociale à Rouen. Au bout d'une semaine, je suis devenue la femme à abattre. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Je me sens - ou on me fait sentir - de moins en moins à ma place. Je rame, je n'ai - on ne me donne - aucun point de repère.  Février. Ma période d'essai tire à sa fin et des remarques me laissent entendre qu'elle ne sera pas prolongée, tout en me maintenant dans l'incertitude. Mon rêve s'effondre. Je vais devoir quitter la Normandie...
Lundi matin, au retour d'un week-end chez moi. Je sais ce qui m'attend. Visite à la médecine du travail avant de reprendre le boulot. Je ne me fais pas d'illusions. On veut me virer, alors à quoi bon me plier à ce simulacre ?
Formalités auprès de l'infirmière. Le médecin, une femme, me reçoit dans son bureau. La cinquantaine, cheveux blond foncé courts. Je lui expose ma situation, mes angoisses. Elle m'écoute avec une attention extrême. Son regard est intense, pénétrant. Elle me cerne, je crois, très vite. "Ce travail ne vous convient pas", me dit-elle. Nous parlons, peut-être m'a-t-elle examinée, je ne m'en souviens pas. Je ne m'attendais pas à un échange aussi simple, aussi évident. Ça fait du bien. Je retiens un conseil : "Surtout, n'arrêtez pas de fumer maintenant, ce n'est pas le moment !". Je prends de la distance avec ce travail, cette atmosphère délétère surtout, qui ne vise qu'à me faire vaciller. Les cons, c'est eux, pas moi.
Il s'est passé quelque chose. Cette femme m'a insufflé un peu de force. Elle m'a comprise, a cru en moi.
Le soir je suis proprement éjectée, comme je le savais, sur des motifs dérisoires. Je ne suis pas dupe. Je pense à ma rencontre du matin, à cette femme extraordinaire, et la violence de ce moment - car c'est bien de violence qu'il s'agit - glisse et m'atteint moins qu'elle n'aurait dû.
Je m'étais promis d'écrire à ce médecin, et puis... Je me serais sentie ridicule...
Des Auvergnats il y en a d'autres. Oui, oui, je vous en parlerai. Je le leur dois. Ce sont des sauveurs. Pour employer une expression à la mode, c'est mon devoir de mémoire. Mais plus qu'un devoir, c'est un besoin.
Mes Auvergnats sont au-delà de la gratitude. Je ne les oublierai jamais.

mardi 27 octobre 2009

Histoire de parfum


Le Touquet, début des années 70. Pour occuper mes après-midis de vacances, mes parents m'emmenaient à l'aéroport. Les avions de la compagnie British Caledonian décollaient dans un boucan épouvantable. Les moteurs sifflaient, le sol vibrait. J'aimais ça. Ce spectacle suffisait à me distraire.
Les lieux présentaient une autre attraction : une boutique de détaxés dont les vitrines jalonnaient la salle d'attente, au premier étage. Là était présentée la totalité des produits vendus en "duty free" : des parfums.
Leurs flacons tarabiscotés se pressaient les uns contre les autres devant leurs boîtes en carton. Une armée, un peuple de parfums, figé. Il y en avait de toutes les formes, de toutes les tailles, en d'infinies variations. De vraies petites familles ! Je regardais longuement, fascinée, les arabesques, les courbures des bouteilles et les étranges élixirs qu'elles contenaient, qui déclinaient toutes les nuances du jaune. Les étiquettes n'étaient pas moins intriguantes. Guerlain, Hermès, Dior... Chant d'Arômes, Calèche, Diorella... Des noms qui  ne me parlaient pas. J'ai passé des heures devant cette foule désordonnée et silencieuse - mais inaccessible - qui me fixait derrière les vitres.
Ceci explique-t-il cela ?
Coïncidence, c'est au Touquet, plus tard, dans une parfumerie de la rue St-Jean, que j'ai senti pour la première fois Nahéma et L'Heure Bleue, à quelques années d'intervalle.
Depuis je préfère les bateaux aux avions (quoique je me me contorsionne toujours au volant pour les regarder, si si !). Les Caravelle (ou, renseignement pris, les BAC 1-11, ce que je trouve beaucoup moins poétique) ne prennent plus leur envol qu'en souvenir, dans les musées. Depuis des parfums ont disparu, d'autres ont subi des reformulations pas toujours heureuses qui les ont dépouillés de leur personnalité, de leur pouvoir évocateur, du panache dont ils s'enorgueillissaient. Des flacons je m'en fiche, ou plutôt non : je les préfère le plus sobres possible. Je n'ai plus envie d'aller au Touquet (et me demande à quoi ressemble son aéroport maintenant). Je me suis tournée vers les falaises et les galets normands. Les parfumeries sont maintenant des lieux aseptisés, où tout est à portée de main, hormis peut-être les Salons du Palais-Royal, chez Serge Lutens, où les flacons en forme de cloche ont encore leur côté sulfureux, leur mystère.
Et savent encore me faire planer ?

Illustration : Boeing 707 de la British Caledonian

lundi 26 octobre 2009

Chats et croisées



Il fait doux en cette fin octobre. Est-ce pour nous consoler du raccourcissement des jours ? Bonheur, en tout cas, de laisser la fenêtre de mon bureau entrouverte.
Je travaille (ou je bouquine). Je lève les yeux. Mascaret s'est matérialisé derrière la vitre. Il me fixe de ses grands yeux. Le message est clair. Il me demande silencieusement mais instamment de lui ouvrir. Je grogne mais me lève et m'exécute. Il saute dans la pièce avec un petit gloussis et disparaît. Il ne m'accorde pas un regard.
Je me dis que je suis bien bête. Mais bon. C'est mon chat. C'est Bébert. Je l'aime. Et je vais me rasseoir devant mon ordi ou reprendre mon livre.
Une petite brèche qui déconnecte du travail ou d'un monde imaginaire. C'est peu de chose et ça fait du bien.
Aimerions-nous autant nos chats s'ils savaient ouvrir les fenêtres eux-mêmes ?

dimanche 25 octobre 2009

Brassage d'air (propos au tonneau)




Je vous parlais de vins qui portent des noms de chats et imaginais des crus inspirés de mes digitigrades griffus et moustachus. Je ne croyais pas si bien dire.
Quelle n'a pas été ma surprise de tomber sur une bière de la marque Boris ! Boris Bold, pour être précise, une bière blonde alsacienne, de celles que l'on déguste dans un Est à Minet. Boris est mon vrai faux Bleu russe. Je n'ai fait ni une ni deux. Il fallait que je goûte au breuvage félin, assez costaud par ailleurs (8,8°), pour m'assurer qu'il portait bien son nom. Car, maniaque comme je suis, je n'aime que les cas nets.



C'est que je m'y connais en bières ! J'ai eu mon bock avec mention ! Il faut dire qu'on m'a mis la pression. En fait j'ai triché, et j'ai eu peur qu'on ne me chope ! J'en ai attrapé la fièvre de malt...
Avec la Boris je risque d'être un peu grise...
Mais pourquoi donner un nom de chat à une bière ? J'ai trouvé ! C'est une bière dont la mousse tache !

mercredi 21 octobre 2009

Vins félins et fins vélins


Automne 2005. Je suis saisie. En poussant mon Caddie à Carrefour, je tombe, au rayon vins, sur un côtes du Rhône rouge qui porte le nom de la Fée : Terre de Garance. C'est plus fort que moi, j'en prends une bouteille. Ça aurait pu être une piquette épouvantable. C'est un très bon vin. Comment voulez-vous qu'il en fût autrement, sous de tels auspices ?
Depuis, chaque année, au moment de la foire aux vins, le Terre de Garance, du Domaine Rouge Garance, revient fidèlement. C'est un rendez-vous. Depuis l'an dernier, l'émotion me submerge quand je vois fleurir les premières bouteilles sur les rayonnages. Les larmes retenues me brûlent les yeux. Je ne peux m'empêcher de caresser discrètement le réceptacle de verre à l'étiquette sobre, où s'inscrit le nom aimé, comme pour recueillir les éclats furtifs de la présence de Garance, malgré l'absence. Fidélité au vin, ou à la chatte ?
Comment en parler avec si peu de connaissances en œnologie ? Pour moi, c'est un nectar aux arômes de fruits rouges, de fruits secs et d'épices, dont le poivre noir. Il a de la cuisse, car Garance était une Fée morale. Un vin qui ne manque pas de caractère. Comme elle.



Cette année encore, début septembre, j'ai sacrifié au rituel. Deux cartons ont rejoint ma cave. Le vin est comme d'habitude excellent. Quelques gorgées d'un plaisir qui se mérite. C'est le vin du souvenir, de la mémoire, aussi. Mon Château-la-Fée. Il est le fruit d'un travail mené dans le respect de la nature. Il concentre le soleil du sud et l'amour que portent à leur terre et leur vigne ses propriétaires, Claudie et Bertrand Cortellini. Jean-Louis Trintignant s'est joint à eux. Un grand acteur et un homme peu soucieux de publicité outrancière, un homme de la terre, consciencieux et discret. Le domaine aurait été nommé en hommage à Arletty, à son personnage inoubliable des Enfants du Paradis. Les viticulteurs proposent d'autres rouges, des blancs et des rosés. Leur diffusion est confidentielle, et je n'ai jamais eu l'occasion d'y goûter. Il me faudra faire un tour à Franqueville-Saint-Pierre, près de Rouen, où se trouve un dépositaire. Ou peut-être, un jour, je l'espère de tout cœur, au domaine de Saint-Hilaire-d'Ozilhan, dans le Gard...
D'autres vins portent des noms de chat et m'influencent favorablement ! Ainsi j'ai déjà acheté le Cellier de la Gavotte, un côtes de Provence ma foi fort bon. Gavotte était "mon Vieux Gavial", ma chatte blanche, disparue à l'âge de quinze ans et demi en novembre 2005.
Il existe peut-être un Château Mascaret, un Domaine Boris, une Cuvée Nacelle, un Clos Ramona, un Chai d’Elsa ? Mais je risquerais de prendre de mauvaises habitudes...
Telle est l'influence des chats sur nos existences. Quant à celle de Garance…
Souhaitez-moi de ne jamais tomber sur un paquebot baptisé Ocean Fairy. Je serais capable de commettre un acte de piraterie.

Domaine Rouge Garance
30210 Saint-Hilaire d’Ozilhan
Tél./Fax : +33 (0) 4 66 37 06 92

On trouve le Terre de Garance dans les hypermarchés Carrefour lors de la foire aux vins d'automne.   
Pour reprendre la formule consacrée, à consommer avec modération ! Mais vous êtes de grandes filles et de grands garçons, et vous saurez rester raisonnables ;-) !

samedi 17 octobre 2009

Pommes-pommes girl



Le Normandie, c'est bien. Avec des chats, c'est mieux. C'est en achetant des pommes chez un producteur du Mesnil-sous-Jumièges lors de mon séjour sur les bords de la Seine que j'ai discuté le bout de gras avec cette magnifique minette.
Elle s'est laissé caresser et photographier sans difficulté !
La lumière était très belle en cette fin de journée presque estivale...



La chatte s'est levée, m'a tourné le dos et s'en est allée dès que la séance a commencé à l'agacer, comme toute star qui se respecte.
Je n'ai pas demandé son nom...
J'espère revoir cette très jolie "bête de Seine" en allant acheter reines des reinettes et bénédictins, cette variété locale croquante et acidulée à laquelle je n'avais pas goûté depuis bien longtemps...

vendredi 16 octobre 2009

Vol au-dessus d'un nid de matous



Quelques surprises au réveil.
Banquet nocturne pour les chats : jambon, saucisse et steak haché ont disparu du réfrigérateur. Je crois avoir reconstitué le déroulement des faits. L'un d'eux, le plus téméraire, s'est dévoué : il a ouvert la porte, s'est introduit dans le frigo et a lancé les denrées à ses congénères restés à l'extérieur. La troupe s'est ensuite livrée à des agapes improvisées. La porte est restée ouverte. Pas étonnant qu'il ait fait si froid dans ma cuisine ce matin.
Une chose est certaine : le vol du jambon a eu lieu à l'heure du lard sain.
J'ai ensuite découvert que Mascaret est funambule ! Alors que je sirotais mon premier café matinal sur le canapé, une main appuyée sur le dossier, il a avancé une patte hésitante avant de s'élancer sur mon bras pour atterrir sur mes genoux après un détour par mes épaules.
J'en suis encore sidérée.
Mon vœu le plus cher est d'avoir des chats un jour, pour remplacer ces mutants monstrueux. Car j'ai peur. Je crois vivre Le Horla. Je vais me barricader dans ma chambre cette nuit. Et organiser un référendum. Je voterai non, naturellement, car il est bien connu que quand le non l'emporte, le oui s'casse.

Bon week-end.

jeudi 15 octobre 2009

Le coeur cambriolé


Un flacon qui a de la bouteille...

Je suis allée rechercher dans l'obscurité d'une armoire mon flacon d'extrait d'Heure Bleue, tel un trésor, une relique qu'on ne présente à l'adoration des fidèles qu'une fois l'an. Il est toujours lové dans son charmant écrin XVIIIe. Je me souviens l'avoir acheté en janvier 1987. C'est un rescapé.
1er septembre 1996. Je rentre de Normandie. Je trouve la maison saccagée, la porte de la cuisine fracassée, du désordre partout. Les malfrats ont emporté des objets auxquels ma mère et moi tenions : beaux bijoux fantaisie, couverts en argent, mais aussi lecteur de CD et disques. Ils ont mis à sac l'armoire à parfums. Ont disparu mon flacon d'extrait d'Après l'Ondée, introuvable aujourd'hui, le Blonde de ma mère, une superbe tubéreuse signée Versace, et d'autres. Des gens de goût, ces voleurs, direz-vous ! Mais les gens de goût ne volent pas ! Et puis ils ont dédaigné les disques classiques !
Je suis effondrée.
Oui, c'est matériel. Mais c'est un peu plus que du matériel. Ces choses faisaient partie de moi. On a touché à mon intimité, à ma mémoire, à ma tranquillité domestique. Elle ne sera jamais plus ce qu'elle était.
L'expérience est particulièrement traumatisante.
Dieu merci les chats n'ont rien ! Mais j'ai eu bien peur quand même, car mon Muscade tardait à rentrer... (Ne pas trop compter sur les chats pour défendre une maison contre des intrus.)
Toujours est-il que ma bouteille d'Heure Bleue a échappé au pillage. Je la regarde parfois et l'ouvre. Il reste une petite moitié de son contenu, d'un jaune sombre. Les notes de têtes sont altérées et pour tout dire, atroces. Mais je reconnais ses notes de cœur et de fond, toujours suaves, quoiqu'à présent très volatiles.
Puissé-je m'offrir à nouveau cet extrait un jour...
En attendant je me suis parfumée à l'eau de toilette, histoire d'attaquer avec plus d'énergie mes corrections et de me consoler des rigueurs de mon travail.
Comment ça, vous n'avez jamais senti l'Heure Bleue ? Tenez, je vous en envoie une grosse bouffée !
Allez, pschitt pschitt !!

mercredi 14 octobre 2009

Walkyrie (les Teutons flingueurs)

Vous ne le saviez peut-être pas, mon chat Morgat ressemble à Tom Cruise (à moins que ça ne soit le contraire). Cela se situe au niveau du regard, de la forme des yeux. De plus il a, je le sens, l'étoffe d'une star hollywoodienne. Mais c'est de profil que la ressemblance est le plus flagrante. Elle s'arrête d'ailleurs là : mon chat est plus beau et plus sexy et plus grand que l'acteur. Enfin, détail qui a son poids, Morgat n'est pas un adepte de la scientologie. Quoique... J'ai un doute parfois, car il me semble qu'il ronronne Hubbard. Mais c'est peut-être chez moi un effet de l'autosuggestion.
C'est donc un bon vieux transfert des familles qui m'a fait choisir un film avec Tom Cruise, Walkyrie, sur un site de téléchargement.
Le réalisateur, Bryan Singer, braque les projecteurs sur un pan méconnu - des Français du moins - de la Seconde Guerre mondiale : la résistance à Hitler au sein de son propre pays, et plus précisément la dernière des quinze tentatives connues d'assassinat contre le dictateur.
1944. La guerre a plongé l'Europe dans le chaos. La position de l'Allemagne est intenable, son peuple et son armée souffrent mais le chancelier Adolf Hitler s'acharne à poursuivre le conflit. Dans les esprits d'officiers lucides, souvent haut placés germe la graine de la sédition, l'idée qui sauverait l'Allemagne : tuer Hitler. Une faction - clandestine - se forme dans cet objectif. Un jeune colonel, Claus von Stauffenberg, héros de la guerre en Afrique, prend la tête du complot et se charge de mettre le projet sur pied. Il est entouré d'hommes de confiance, des conjurés comme lui gagnés à la cause d'un pays libéré de la honte. Ce sera "Walkyrie", du nom d'une opération dont le but est de protéger le gouvernement en cas de coup d'État. Quelques lignes modifiées, et ses effets serviront les plans des opposants au régime.
Du film on peut dire que c'est de l'ouvrage bien faite. L'histoire  - qui, hormis la scène initiale, se concentre sur quelques jours en juin et juillet 44 - se déroule dans une tension permanente qui ne laisse pas une seconde de répit. L'action est très resserrée. On anticipe, à chaque seconde, la scène - ou le drame - à venir.  Tout tient à un fil. On est comme sur un manège à sensations (à la Foire Saint-Romain, mettons), secoué, puis projeté en l'air comme un boulet de canon avant de plonger dans le vide avec l'estomac dans la gorge. Attention aux nerfs fragiles ! A mesure que le temps passe, que le jour de l'attentat approche, le spectateur est immergé parmi ces hommes, agités d'une fébrilité communicative. Le 20 juillet, la bombe explose dans la "Tanière du Loup" où sont réunis Hitler, Mussolini et quelques hauts dignitaires nazis. Stauffenberg, persuadé d'avoir mené à bien sa mission, rentre à Berlin. L'opération Walkyrie peut commencer. Le pouvoir semble entre les mains des conjurés. Hélas, Hitler n'est pas mort. C'est d'abord l'incrédulité. Puis la consternation déploie peu à peu son masque sur les visages des protagonistes. C'est l'échec. Arrestation, procès expéditif. La plupart des hommes seront fusillés le lendemain. Au mitraillage aérien du début répond le claquement des balles alors que Stauffenberg s'effondre. C'est plus Walkypleure que Walkyrie...
Tom Cruise - borgne et amputé de la main droite ! - joue de façon très sobre et dépouillée, émouvante, le colonel rebelle. J'ai même noté une ressemblance physique avec le vrai Stauffenberg... Étrange ! Les acteurs (Terence Stamp, Bill Nighy, Kenneth Brannagh, Christian Berkel...) sont tous crédibles, convaincants, sauf peut-être celui qui incarne Hitler, un peu grotesque, caricatural (ce n'est pas l'interprétation de Bruno Ganz dans La chute). Mais le sinistre personnage lui-même, tel que le montrent les images d'archives, ressemblait, par sa mimique, ses gestes, à une caricature du pouvoir totalitaire, de la cruauté, de la folie meurtrière... Un barbare en nazi, quoi...
Bref, un film de bruit et de Führer. Et un hommage rendu à des héros prêts au sacrifice ultime, fût-ce en vain...
Je le reverrais volontiers.

mardi 13 octobre 2009

Oh Apis day !


Ah, que n'a-t-on connu Akhénaton...

Quand je vous parlais de l'Egypte...
La photo du pharaon Akhénaton (alias Aménophis IV, alias encore Aménhotep IV), que j'ai faite voici deux ans lors de l'expo "Pharaon" au musée de Valenciennes, est parue dans le magazine Plume. Elle illustre l'article "Dans les archives d’Akhénaton : la diplomatie au Proche-Orient". Rien que ça.
Ils m'avaient contactée en juin. J'avais dit oui.


Quant à celle du masque funéraire de Psounennès, elle sera visible l'an prochain dans plusieurs ouvrages scolaires d'un éditeur hong-kongais. J'en ai eu confirmation ce matin, après avoir donné mon accord.
Est-ce le patronage de Bastet, Scribe et Ramsès qui me vaut ces honneurs ? Ou celui de mon papy russe (qui n'était pas russe mais ukrainien) ?
Je suis touchée et flattée, bien entendu. Mais j'ai comme l'impression que Flickr est une mine pour les chasseurs d'images soucieux d'économie...
Le scribe ne paie pas...

lundi 12 octobre 2009

Un long lundi de cochonnailles

L'expédition arrageoise de samedi n'aura pas été vaine ! L'andouillette était délicieuse, relevée à point. Elle est beaucoup plus fine que sa consœur de Troyes, moins "brute de décoffrage", plus raffinée. Les saveurs de l'oignon, du persil, de la muscade s'y mêlent. Elle rappelle davantage celle de Cambrai. Mais impossible de la trouver ailleurs qu'à Arras...
Elle est assez "généreuse". Compter une "pièce" pour trois !
L'échoppe - toute petite - du charcutier se trouve non loin de la Grand-Place.
Quant à savoir si je me rendrais de nouveau dans la capitale de l'Artois pour m'approvisionner...

A l'Andouillette d'Arras
3, rue du Marché au Filé
62000 Arras
03 21 22 69 96

dimanche 11 octobre 2009

A votre bon Caire


Bonaparte a beaucoup roulé sa bosse...

Samedi. L'exposition "Bonaparte et l'Egypte", qui se tient au musée des Beaux-Arts d'Arras, se termine bientôt. Je projette depuis quelque temps d'aller la voir. Fini la procrastination : je me décide.
J'aime l'Égypte ancienne depuis mon enfance. Mais je connais fort peu l'histoire de Bonaparte. Tout juste si je sais que Napoléon et lui sont une seule et même personne, c'est tout dire. Des pharaons je sais qu'ils habitaient des pyramides déguisées. Ils avaient coutume de se livrer au cannibalisme sur la personne de leur favorite, d'où le nom de "l'Avalée des Rois". Ils préféraient la momification après leur trépas car on dit que Ramsès II, voyant un squelette, aurait trouvé ces os(ses) tristes. On voit aussi en Égypte des colosses du même nom, et on dit d'un jeune homme beau comme un dieu qu'il a une face de Ra.
Tel est l'état de mes connaissances. Séti pas beau ?
Mais surtout les anciens Égyptiens considéraient le chat comme un dieu, ou plutôt avaient décelé le dieu dans le chat. Les chats s'en souviennent et en abusent éhontément.
En route pour la cité des Atrébates !
Ça commence bien ! Au musée, on vous propose, lors de l'achat des billets, un audioguide, et on vous gratifie d'un regard réprobateur accompagné d'un peu amène "Tant pis" si vous refusez. Plus loin, on insiste pour que vous laissiez votre manteau au vestiaire. On lance un œil torve à mon zap, dont je ne pourrai faire usage, les photos étant prohibées en ces lieux. Et on vous bouscule presque pour vous faire entrer  plus promptement dans la première salle de l'expo. Bref, le visiteur ne se sent pas bienvenu ! Une seule envie dès mes premiers pas : sortir de là ! Mais ce serait dommage, compte tenu en outre du prix du billet !
Le thème de l'exposition, c'est un regard sur le regard que portaient sur l'Égypte des hommes vivant voici deux cents ans. Un double prisme. Bonaparte était accompagné de scientifiques et d'artistes. C'est tout à son honneur. Mais qui étaient la plupart des hommes qui le suivaient, hormis des guerriers mus par un esprit de conquête ? Ne s'agissait-il pas de déposséder les Égyptiens de leur histoire ou, du moins, d'en faire peu de cas ? Les étapes successives de cette campagne (1798-1801) sont relatées : documents écrits, dessins... Rien qui me passionne... Je préfère les antiquités elles-mêmes. Il y en a, égrenées au fil des différentes salles. Statuettes, vases canopes,  couvercles de sarcophages, papyrus (je pense à Scribe...)... Ce qui me frappe le plus et m'émeut est le poing monumental en granit rose de Ramsès II. Peut-être parce qu'un de mes chats se nomme Ramsès ? Ce fragment de statue possède une grande force expressive que le temps n'a pas émoussée. C'est une main royale, autoritaire ! Il est conservé au British Museum à Londres.
L'expo nous rappelle enfin que l'expédition d'Égypte a suscité une mode architecturale et décorative, dont des exemples sont présentés. Elle est aussi à l'origine de l'"égyptomanie", qui continue d'attirer les foules (et moi-même !) dans les musées. En ce sens elle a toujours des résonances aujourd'hui...
La visite se poursuit. La lumière dans les salles est pauvre. Il faut se pencher sur les manuscrits, les pages de livres, coller le nez sur les gravures. Je sors de là avec les yeux "explosés". Vite, la lumière du jour !
Heureusement il fait beau. Un café à une terrasse de la Grand-Place. Dans une charcuterie, la seule ouverte aux alentours en ce samedi après-midi, j'achète une andouillette (démesurée !), spécialité de la ville qu'on ne trouve que sur place, histoire d'atténuer ma semi-déception !
Pour se sentir proche de l'Égypte ancienne, rien de tel, finalement, que des chats qui portent des noms égyptiens. Ramsès, par exemple, dont le look sort de l'ordinaire. Je lui demande souvent : "Tu m'aimes, fils ?" Mais je dois avouer que parfois, ces chats, Imhotep sur les nerfs...


Musée des Beaux-Arts
Rue Paul Doumer
62000 Arras

L'expo est visible jusqu'au 19 octobre. Entrée 7 €.

mardi 6 octobre 2009

A Duclair


Tout de suite à droite après le ralentisseur...

Il est des lieux où l'on aime se poser, s'attarder. Où l'on se sent bien. Sur le chemin de halage à Duclair le temps s'écoule au fil de la Seine, à un rythme qui n'est pas celui des villes et des routes. C'est là que vivent Monsieur et Madame Lefèbvre, dans une belle maison normande au toit de tuiles brunes.
Chez eux c'est le calme, la verdure. La paix. Celle que je ne peux trouver qu'en Normandie, peut-être. Ils ont ouvert l'an dernier cette chambre d'hôtes. Ils se mettent en quatre pour vous rendre le séjour agréable.
La chambre et la salle de bain sont spacieuses. On y traîne volontiers. On prend le temps.
Le petit déjeuner est un moment de pur plaisir. Le café est parfumé à souhait, les confitures maison vous rappellent les plus doux moments de votre enfance. Dans le salon, l'âtre attend les premiers frimas pour s'éclairer d'une bonne flambée.


Et si j'essayais le bateau-stop ?

Des fenêtres de la chambre, on est aux premières loges pour voir passer les bateaux qui remontent ou descendent la Seine. Spectacle imposant et insolite dont je ne me lasse jamais !
Le beau temps de ce tout début octobre nous a permis de prendre les repas du soir sur le balcon, le bonheur !


Des géraniums aussi généreux que l'accueil.

Enfin, last but not least, j'ai eu la joie de faire connaissance avec les trois chats et le chien de la maison ! Pas tout à fait dépaysée, donc...
On a un petit serrement de cœur en quittant Mme Lefèbvre, qui sait si chaleureusement accueillir ses clients.
Une belle "rencontre", un lieu où revenir encore et toujours, quelle que soit la saison.
J'ai trouvé une chambre normande.

Annie et Pascal Lefèbvre
504, avenue Maurice Lefèvre
76480 Duclair
Tél. : 02 35 37 88 55
Un site Web ici


lundi 5 octobre 2009

Ôtez-moi d'un poids (lourd)



Brrrrr...

Une fois n'est pas coutume, je commencerai la semaine par un coup de gueule. Si je me suis juré de ne parler ici que de ce que j'aime, il est des faits qu'il faut exorciser. Et dénoncer.
Comme si le retour de Normandie n'était pas assez pénible en lui-même, il m'a fallu affronter l'agressivité de deux routiers au volant de leurs 40 tonnes.  J'ai vécu la scène en novembre dernier déjà. Sur la même portion de route, encore, entre Neufchâtel et Aumale ! Appels de phares, coups de klaxon, le tout à un mètre de mon pare-chocs arrière ! Peur, colère. Sentiment d'incrédulité. Ça ne peut pas recommencer ! Deux brutes cette fois ! J'ai écouté la voix de la sagesse et me suis garée dès que j'ai pu sur le bas-côté.
Qui sont ces détraqués ? Se rendent-ils compte qu'ils mettent en danger la vie d'autrui ? Contrôlent-ils vraiment leurs engins ? Savent-ils jusqu'où ils peuvent aller ? Rage, bêtise, sadisme, haine de l'"autre", je me demande aussi ce qui les "motive". J'espère que ce n'est pas la simple vue d'une femme au volant ! Heureusement ces abrutis travaillés par un trop-plein de testostérone ou une alcoolémie frisant le délit de conduite en état d'ivresse sont la minorité (mais il faut que je tombe dessus, naturellement !).
Les routiers ne sont pas tous sympa.
Une grosse frayeur, donc... Éviter la RN 29, pardon, la D 1029, le vendredi après-midi...

La photo est tirée du film Duel de Steven Spielberg. 

PS : je vous rassure, il ne s'est pas passé que ça en Normandie !