Mon chat Mascaret a rejoint un panthéon félin déjà trop peuplé.
Tout ça a été trop rapide. Un chat patraque d'abord soigné pour des troubles digestifs. Une insuffisance rénale sévère diagnostiquée trop tardivement. Affection des tissus rénaux ou calculs, nous ne le saurons pas. Si une première perfusion, le vendredi, l'avait reboosté et nous avait permis de reprendre espoir, la seconde, le samedi matin, lui a été fatale. Ce fut la perf de trop. Son organisme affaibli ne l'a pas supportée. Le retour dans les larmes à la clinique vétérinaire. L'au revoir, l'endormissement, sa belle tête entre mes mains, avant l'ultime injection, puis la séparation.
Je n'étais pas préparée à une fin aussi brutale. On ne l'est jamais.
Mascaret accumulait des tas de surnoms. Les plus employés étaient Mascar, le Hardi, le Tout-Doré et surtout Bébert. Bébert-Lingot, le chat en or. Entre nous, un lien que je qualifierais de fusionnel. Dans les moments de stress, il ne me quittait pas et me gratifiait de câlins. Il me disait : "Je suis là, ne t'inquiète pas". Il me protégeait (
des araignées notamment). Il exprimait par des cris sa tristesse ou son mécontentement si je devais me lever et le poser à terre ou sur mon lit.
Il était aussi un compagnon de repos et de travail. Je reconnaissais son pas dans l'escalier. Il sautait sur mon bureau, me fixait de son regard magnifique puis venait s'installer sur mes genoux. Il aimait à "nicher" au chaud. Mais sa spécialité consistait à sauter sur les épaules, d'où son surnom de Hardi Grimpeur. Il visait son point de chute, calculait la distance et la force nécessaire et hop, il se retrouvait perché à quelques centimètres de votre tête ! Moi qui ai côtoyé des chats durant les deux tiers de ma vie, je n'avais jamais vu ça ! Parfois il venait à ma rencontre dans l'escalier. A mi-parcours, d'un bond, il atterrissait sur mon dos. Tous ces sauts étaient précédés d'un "cri de grimpage" bien identifiable :
rrrrroooouuu rrrrrooouuu rrrrrooouuu. Il se promenait ainsi à dos humain. J'étais le premier funiculaire pour chat.
Je lui disais : "Mascar, tu es extraordinaire, tu es prodigieux, tu es phénoménal !".
Je le revois rentrer du jardin. Le soleil joue avec sa robe dorée. Silhouette svelte, fières moustaches blanches, yeux en amande, démarche royale. Un tigre.
Je me souviens des fugues qui ont jalonné ses deux premières années. Je m'arrachais les cheveux. Quatre, six, sept jours... Et puis je le retrouvais dans la maison, comme si de rien n'était. Il annonçait son retour par un petit gloussis. Et c'était la fête.
Je le revois accourir vers moi joyeusement en miaulant pour m’accueillir alors que je rentrais de Normandie. Il avait reconnu le bruit de la Tine ou entendu ma voix. Ces retrouvailles allègres avaient adouci la tristesse du retour.
Nous ne l'attendrons plus, il ne nous attendra plus. Nous ne le serrerons plus dans nos bras.
Il fut aimé, adoré, idolâtré. Divinité tutélaire des humains, protecteur du foyer, il a maintenant des ailes, il a acquis l'immortalité. Son esprit demeure en ces lieux où il est né et a vécu. Sa beauté est éternelle. Sa présence se perpétue dans nos cœurs à travers souvenirs, photos et récits. Mais cela ne me console guère.
Tu t'en es allé beaucoup trop tôt, Mascar. Tu nous manques.
Repose en paix, "mon Monchat"...
Mascaret, 10 avril 2007 - 28 janvier 2012
Le Lascar était la star de
The Normand Bedroom. Vous le retrouverez, lui et ses exploits, ici (entre autres) :
La cousine Simone
Vol au-dessus d'un nid de matous
Chats et croisées
La nuit, tous les chats sont griffes
Mascaret, chat martyr
Une après-midi d'été
Tour de France