lundi 10 décembre 2012

Annie et Yves

J'ai fait leur connaissance lors d'un réveillon de Nouvel An au Comptoir à Huîtres. Nous étions voisins de table. Salutations, sourires... Ces gens sont polis et bien disposés. De fait je n'aime guère les lieux guindés où l'on se regarde en chiens de faïence, quand on se regarde...
Vient un "trou normand" particulier aux accros au tabac. Je sors en effet pour tirer quelques bouffées dans la nuit, devant l'établissement. Mon voisin, fumeur lui aussi, est là. Non contents d'être guettés par le Crabe - un comble quand ils fréquentent un restaurant de fruits de mer - les fumeurs se voient relégués sur le trottoir, qu'il pleuve, neige ou vente. C'est un choix.
La conversation s'engage et s'oriente très vite, on se demande bien pourquoi, vers les chats. Le monsieur et sa femme pleurent encore leur belle Cléo, disparue trois ans plus tôt. Nous regagnons nos tables et poursuivons nos propos. Le couple habite près de Forges-les-Eaux. Ils se prénomment Annie et Yves. Ce sont des habitués du Comptoir. J'en suis une aussi, si on veut, dans la mesure où deux cent neuf kilomètres séparent le quai de Norvège à Dieppe de mon habitation. Annie et Yves sont agréables, cordiaux, diserts mais pas envahissants. Les voisins idéaux...
Comme toujours dans l'antre de Stéphane Barq la soirée passe très vite. Je n'attends pas les douze coups de minuit pour quitter le restaurant. Il gèle et la chaussée est pailletée de givre. Je veux regagner ma chambre normande en sécurité. Je roulerai au pas, moins à cause des deux gorgées de "Béné" que j'ai bues pour clore le repas que de l'état de la route.
Un peu plus de trois mois et demi plus tard, alors que je m'apprête à fêter mon anniversaire au Comptoir, j'ai la surprise de les y retrouver. Ils descendent de voiture. Nous nous reconnaissons. Nous nous donnons des nouvelles, parlons. Le ton est chaleureux. Il est bien sûr question de chats. Et puis on se sépare, en espérant se retrouver un jour au coin d'une table... Jamais deux sans trois...
Je suis retournée au Comptoir à Huîtres. Autres rencontres fugaces entre convives peut-être désinhibés par le vin, autres conversations qui éclosent entre deux tables...
Ainsi vont ces rencontres d'une soirée, au fil du brassage incessant de la vie qui nous rapproche et nous éloigne. On sympathise, on échange numéro de téléphone ou adresse e-mail, parfois on se retrouve sans l'avoir cherché. Parfois on n'a plus l'occasion de se croiser...
J'aurais aimé revoir Annie et Yves.
Annie, Yves, où que vous soyez, j'aimerais savoir ce que vous êtes devenus...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Les meilleures rencontres sont celles qui recommencent : la nostalgie fait place à une joie renouvelée...