samedi 9 février 2008

Jamais sans mon rouge

Je m'étais promis d'être légère dans ce blog...
Lille, le stand Mac du Printemps. Je vais encore une fois m'adonner à mon vice. Sitôt arrivée, je me rue en effet sur le présentoir à rouges à lèvres, l'"orgue à couleurs". L'objet exerce toujours sur moi la même fascination. Les tubes sont là, ils m'attendent, tous plus tentateurs les uns que les autres. Et bien sûr, il m'en faut un. Nouveau ou non. Le contraire n'est pas concevable. Je veux voir, toucher, tester. Le dos de ma main est habitué à mes débordements colorés et se prête à ces multiples essais. Neuf fois sur dix je "tape" dans des teintes que je possède déjà, ce qui me confirme la justesse et la pérennité de mes choix ! Mais je suis incapable de résister à l'attrait - à l'appel devrais-je dire - d'une couleur ! En moins d'une minute ma main est un Rothko, un motif vivant que ne renierait pas un guerrier maori. On pourrait relever qu'il y a contradiction entre le côté régressif de ce barbouillage et la féminité qu'est censé représenter le rouge. Mais je ne vais pas trop m'interroger là-dessus ! Tout à ma frénésie et à ma soif de découvertes, je ne vois pas le temps passer. C'est un supplice pour ma mère ou la copine qui m'accompagne. Car une fois plantée en face d'un stand de maquillage, on a beaucoup de mal à me déloger !
Passé cette première sélection vient la phase des essais in vivo, grandeur nature, autrement dit l'heure de vérité ! Il s'agit de se plaire, ou plutôt se déplaire le moins possible. Pas de terne, pas de trop banal, rien qui affadisse ou au contraire accentue des traits tirés... Démaquillage des lèvres, application... Oui, pas mal... Je vais essayer celui-là aussi, tiens... Je demande un avis à la maquilleuse, Charlotte ou Virginie, à ma mère, à ma copine Valérie, toutes habituées à mes frasques rougesques, je m'interroge du regard dans la glace... (C'est au final le rétroviseur intérieur de ma voiture, haut lieu du remaquillage, qui tel le miroir de la méchante reine me donnera son verdict : je saurai alors s'il y a lieu de regretter mon achat ! Généralement non...) Surviendra ensuite le moment crucial, celui où s'opèrera le choix entre plusieurs couleurs, ou entre une couleur et rien du tout ! Hésitations, conciliabules avec moi-même... Je me décide, règle et emporte toute contente ma nouvelle trouvaille.
Rassurez-vous, ce genre de scène n'a pas lieu toutes les semaines ! Il est vrai que je transporte déjà un petit paquet de quelques rouges à lèvres dans mon sac, et j'en ai autant dans un tiroir de ma commode (comment ça, c'est trop ?!). J'aime alterner tout en étant fidèle à certaines nuances. J'ai une préférence pour les couleurs foncées ou pétantes. Des roses profonds, des rouges bleutés, des beiges prune. Un côté un peu goth ne m'effraie pas ! Des couleurs qui laissent une empreinte sur les joues des humains et le nez des chats. Ce que je trouve chez Mac (depuis dix ans !), c'est un poil d'audace et d'originalité, presque toujours. Des couleurs qui n'existent nulle part ailleurs. Et puis surtout, pas d'allergie, pas de picotis désagréables qui me font fuir la plupart des marques. Ainsi Armani, dont je rêvais de découvrir la luxueuse palette, a échoué au test. Tant mieux ! J'aurais sans doute craqué... Pas de préjugés cependant : les grandes surfaces sont des mines, et je regrette beaucoup mes "chéris" que L'Oréal a supprimés de son catalogue...
Pourquoi cet engouement obsessionnel ? Il n'est pas récent. Lèvres nues, je suis blafarde, j'ai l'air malade, je suis une pauvre petite chose qui se fond dans la grisaille ambiante. Le "nude", pas pour moi ! Une couleur qui claque sur mon visage la plupart du temps nu me confère un peu d'assurance avant d'affronter une journée stressante ou simplement terne. C'est ma bannière. C'est pourquoi je prétends que cette collectionnite dont j'ai parfois honte est salutaire !
Résumons-nous. Ce n'est pas une maladie bien méchante (je sais, on trouve toujours des excuses, même à ses pires travers). Ça ne nuit pas à ma santé, et pas trop à mon porte-monnaie. C'est un petit peu de la folie nécessaire au quotidien. Mais surtout mettre du rouge est un plaisir toujours renouvelé et un geste dont je ne me lasse pas. Privilège de fille assumé et poussé à l'extrême, peut-être...
Peut-on puiser un tant soit peu de force dans un rouge comme dans un parfum ? Quand je porte une teinte vive, c'est le moi extérieur qui tire vers le haut le moi intérieur. Je m'affirme, même quand mon ego flanche. Je n'ai pas le droit de démentir l'histoire que racontent mes lèvres...
Que ne ferait-on pas histoire de redorer une petite mine ou un moral en berne si en plus on s'amuse et qu'on arbore une féminité (je n'aime pas trop ce mot mais bon) à forte valeur ajoutée ?
Plutôt rouge que morte !

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