Un lundi de juin 2005. Je rentre de Normandie. J'ai voulu faire un détour par Saint-Saëns. Par nostalgie. Pour me remémorer des lieux que j'aime. Je compte reprendre l'autoroute au Pucheuil. Je m'aperçois que ma bouteille d'eau est vide. Qu'à cela ne tienne, je vais tâcher de rejoindre l'aire autoroutière de Bosc-Mesnil, c'est sur ma route.
Il règne une drôle d'atmosphère sur cette aire. Il y a du monde. Beaucoup de monde. Ça ressemble à un retour de vacances, mais ce n'est pas la saison. J'aperçois alors une Maserati. C'est suffisamment rare pour que j'y prête attention. Ce n'est pas fini. Un signal d'alarme se met à vibrer dans ma tête. Je repère une autre "belle voiture", puis deux, puis trois. Des files entières aux pompes à essence. La concentration au mètre carré de ces bolides est anormale. Que se passe-t-il ? Je n'ai pas bu et n'ai rien fumé de répréhensible. Est-on en train de tourner un film sur la vie de Johnny Hallyday ?
J'essaie de garder mes esprits tandis que je prends au pas la direction du parking, les yeux rivés sur ma droite. J'énumère : une Aston Martin. Des Maserati à la pelle. Des Lotus à bouche-que-veux-tu. Des Porsche comme s'il en pleuvait. Des Caterham à gogo. Des Ferrari en pagaille. Autant d'"aspirateurs à minettes", comme dirait une de mes amies. Qui les a déversées en nombre sur ce coin de Normandie ? Et d'autres, des raretés. Des autos anciennes qui voyagent sur des remorques, fragiles et fascinantes. Toutes sont immatriculées outre-Manche. C'est un embouteillage de cinéma, comme je n'ai jamais osé en rêver. Je ne me tiens plus d'excitation. Je vais, incrédule, me garer à côté d'une Lamborghini Countach. Rouge, évidemment. C'est le modèle le plus spectaculaire de la marque. Basse et redoutable, elle semble prête à bondir : l'immobilité ne lui convient pas. J'ai dû en voir quatre au grand maximum en vingt ans...
J'essaie de garder mes esprits tandis que je prends au pas la direction du parking, les yeux rivés sur ma droite. J'énumère : une Aston Martin. Des Maserati à la pelle. Des Lotus à bouche-que-veux-tu. Des Porsche comme s'il en pleuvait. Des Caterham à gogo. Des Ferrari en pagaille. Autant d'"aspirateurs à minettes", comme dirait une de mes amies. Qui les a déversées en nombre sur ce coin de Normandie ? Et d'autres, des raretés. Des autos anciennes qui voyagent sur des remorques, fragiles et fascinantes. Toutes sont immatriculées outre-Manche. C'est un embouteillage de cinéma, comme je n'ai jamais osé en rêver. Je ne me tiens plus d'excitation. Je vais, incrédule, me garer à côté d'une Lamborghini Countach. Rouge, évidemment. C'est le modèle le plus spectaculaire de la marque. Basse et redoutable, elle semble prête à bondir : l'immobilité ne lui convient pas. J'ai dû en voir quatre au grand maximum en vingt ans...
Je comprends aux badges apposés sur les pare-brise que ce sont des Anglais qui rentrent des Vingt-Quatre Heures du Mans. Se déplacent-ils toujours en hardes spectaculaires ? Sur l'autoroute, c'est le défilé de ceux qui omettent cette halte. Dommage...
Je n'en peux plus de m'extasier sur toutes ces stunning cars. L'effet de masse est réussi ! J'essaie de ne pas oublier que je suis ici pour acheter une bouteille d'eau. Dans la boutique, des commandos d'Anglais en casquettes aux couleurs d'écuries de course. Je déambule au milieu des voitures qui attendent à la station, dans une symphonie de cylindres. L'odeur me saute au nez, une odeur d'huile chaude qui m'est familière et n'appartient qu'aux autos de sport. Elle m'émeut sans doute plus que les grondements, bruissements et autres vrombissements des moteurs qui s'élèvent en ralentis onctueux et en accélérations tonitruantes. C'est les Vingt-Quatre Heures du Mans auxquelles j'ai assisté plusieurs fois. C'est...
Je n'en peux plus de m'extasier sur toutes ces stunning cars. L'effet de masse est réussi ! J'essaie de ne pas oublier que je suis ici pour acheter une bouteille d'eau. Dans la boutique, des commandos d'Anglais en casquettes aux couleurs d'écuries de course. Je déambule au milieu des voitures qui attendent à la station, dans une symphonie de cylindres. L'odeur me saute au nez, une odeur d'huile chaude qui m'est familière et n'appartient qu'aux autos de sport. Elle m'émeut sans doute plus que les grondements, bruissements et autres vrombissements des moteurs qui s'élèvent en ralentis onctueux et en accélérations tonitruantes. C'est les Vingt-Quatre Heures du Mans auxquelles j'ai assisté plusieurs fois. C'est...
Je reviens dans le présent. Il est assez "occupant" pour cela et m'en met plein les mirettes. Sur le parking je lie la conversation avec un jeune homme venu de Rouen et muni d'un appareil numérique. J'apprends que la même parade a lieu tous les ans, le lundi qui suit les Vingt-Quatre Heures. C'est le passage obligé entre le circuit de la Sarthe et le Tunnel sous la Manche. Il fallait me le dire ! Le jeune homme note mon adresse : il m'enverra un CD de ses photos. Ma mère prend des clichés avec son téléphone mobile : la voiture à côté d'une "Lambo", il faut voir ça !
Et puis, un moment de doute... Ma petite voix intérieure me rappelle que les hommes mettent dans leur voiture autant d'amour-propre que d'essence*. C'est probablement le cas des conducteurs de ces engins. Noms légendaires, ailes galbées, jantes XXL, puissances déraisonnables... C'est bien beau tout cela, c'est fabuleux mais... ce ne sont que des voitures. Une voiture, c'est important et pas important. On peut apprécier l'esthétique, le plaisir de conduite, les performances, c'est un fait. On peut narguer le retrait de permis. Certes, le rêve est sans prix. Et ce genre de vision, j'en redemande ! Mais je crois que je vois avant tout dans l'auto un instrument de liberté. Pas un déversoir à vanité. Pas une extension de l'ego. Et si c'est une dépendance, eh bien je la revendique comme telle ! Mais je ne damnerais pas mon âme immortelle pour une voiture.
Je reprends quand même la route à regret. Des bêtes de course me doublent : j'en verrai jusqu'au prochain échangeur. J'ai déjà une idée en tête : revenir l'année prochaine, dans le seul but de contempler les bolides à loisir cette fois ! Et si possible, avec un appareil photo !
* Pierre Daninos
*Z'Appareil Photo
Et puis, un moment de doute... Ma petite voix intérieure me rappelle que les hommes mettent dans leur voiture autant d'amour-propre que d'essence*. C'est probablement le cas des conducteurs de ces engins. Noms légendaires, ailes galbées, jantes XXL, puissances déraisonnables... C'est bien beau tout cela, c'est fabuleux mais... ce ne sont que des voitures. Une voiture, c'est important et pas important. On peut apprécier l'esthétique, le plaisir de conduite, les performances, c'est un fait. On peut narguer le retrait de permis. Certes, le rêve est sans prix. Et ce genre de vision, j'en redemande ! Mais je crois que je vois avant tout dans l'auto un instrument de liberté. Pas un déversoir à vanité. Pas une extension de l'ego. Et si c'est une dépendance, eh bien je la revendique comme telle ! Mais je ne damnerais pas mon âme immortelle pour une voiture.
Je reprends quand même la route à regret. Des bêtes de course me doublent : j'en verrai jusqu'au prochain échangeur. J'ai déjà une idée en tête : revenir l'année prochaine, dans le seul but de contempler les bolides à loisir cette fois ! Et si possible, avec un appareil photo !
* Pierre Daninos
PS : J'y suis retournée l'année suivante. Avec mon zap*, comme en témoignent les photos ! Un peu moins de diversité - je n'ai pas vu de Lamborghini ni de Maserati -, mais une fort belle brochette tout de même... Ce sera peut-être l'objet d'un autre post !
PS 2 : Rendez-vous est pris pour juin prochain.
PS 2 : Rendez-vous est pris pour juin prochain.
*Z'Appareil Photo
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