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mardi 18 septembre 2012

And it's such a sad old feeling... (18 septembre)

Fin mai 2011.
Gobelin, mon Jolibeau, mon Gobo, mon Goblin-boy... Mon goûteur de bûche.
Le petit microbe tout noir que j'avais ramassé sur un trottoir un soir de septembre 2010, le 18 septembre très exactement, s'en est allé. Irrémédiablement.
Je m'étais bien sûr hâtée de raconter notre rencontre, avant de déceler en lui un un authentique gobelin normand.
Je me rappelle le moment où je l'ai pris dans mon bras pour le ramener chez moi. Il levait vers moi un regard à la fois confiant et interrogateur. L'image même de l'innocence. Où l'emmenais-je ?
Il était si faible que j'ai cru qu'il ne passerait pas la nuit. La suite m'a donné tort.
Il était devenu un magnifique matou, les yeux vifs, la livrée noire, drue et douce, semée de poils blancs. Il se jetait dans des batailles échevelées avec sa "sœur" Arwen, arrivée deux mois avant lui. Je le revois, levant soudain un museau inquiet, ce museau pointu qui lui donnait des mines chafouines et dénotait une curiosité sans cesse en éveil. Savait-il ce qui l'attendait ?
Ce jour de septembre 2010, je ne voulais pas le laisser mourir seul dans la rue. C'est pourtant ainsi qu'il nous a quittés.

Le titre de ce billet est tiré d'une chanson de Tom Waits, Innocent when you dream. Je suis capable de l'écouter en boucle. Sur Youtube et dans ma tête. Sa mélancolie m'accompagne et berce mon chagrin.
Allez, je vous la poste... 

Rédigé début juin 2011.






samedi 5 février 2011

Quelques propos sur la substitution de chats et les créatures magiques

Un exemple de croissance réussie...

On a volé Gobelin ! On l'a remplacé par un autre chat. Comment reconnaître dans ce gros matou sûr de lui, au pelage luisant et abondant, le petit morpion tout noir à bout de forces cueilli sur un trottoir un soir de septembre ? Il y a forcément eu tour de passe-passe, voire quelque diablerie ! Aussi je cherche partout le petit Gobelin chétif au museau pointu qui a laissé place à cet intrus. Curieusement ce dernier a toujours le tempérament joueur d'un chaton et se livre toujours à des passes d'armes acharnées avec sa "sœur" Arwen (sans compter le croquage des fils électriques)...
Alors, substitution ou métamorphose soudaine ? Pour éclairer ma lanterne et trouver une explication au phénomène quel qu'il soit, j'ai eu l'idée de faire sur le Net quelques recherches sur le gobelin, figure incontournable du "petit peuple", celui des fées, farfadets, lutins et autres korrigans, mais aussi guerrier peu amène chez Tolkien. J'ai découvert un article fort intéressant et fort savant du journaliste normand Georges Dubosc. On apprend ainsi que "parmi tous ces êtres chimériques, créations imaginaires de l’esprit de nos aïeux, le plus connu, le plus répandu, qui semble lui aussi répondre aux ordres du sorcier, c’est le Gobelin, si répandu en Normandie et en Angleterre que son nom est devenu un véritable nom propre. Le Gobelin est une sorte de lutin familier, vif et capricieux, plus malicieux que méchant, petit, grotesque et grimaçant, mais vindicatif lorsqu’on le raille. Il est, au fond, un… bon petit diable familier, se plaisant aux besognes de ménage, aux travaux des servantes, les aidant parfois avec une adresse et une dextérité singulières. Il aime aussi et il chérit les enfants et surtout les chevaux. Il les panse, les étrille, les mène boire, en galopant sur leur dos, et joue et se rit dans les écuries."
(...)

L'être légendaire dépeint dans ces lignes ressemble décidément fort à mon hôte moustachu...
Georges Dubosc poursuit :


"Le Gobelin, qui devenait parfois méchant, sous diverses métamorphoses, était, certes, le vrai lutin normand et la preuve en est qu’il y avait à Rouen même, une tour de l’enceinte fortifiée, située sur le boulevard, près de la Porte Cauchoise, qui s’appelait La Tour du Gobelin, et où on emprisonnait les vagabonds et les mendiants."
 
On est édifié devant tant de science. Et on découvre une fois de plus que la Normandie se trouve là où on ne l'a pas cherchée. La Tour du Gobelin ! A Rouen ! Je m'étais crue bien inspirée en baptisant le chaton du nom de ces créatures fantastiques, mais par Tolkien, Bilbo le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux et non pas les contes et légendes normands !

Que dit Wikipédia ? L'encyclopédie en ligne consacre une entrée au gobelin en tant que personnage du folklore populaire. Comme il fallait (presque) s'y attendre, je tombe sur ceci : "C'est surtout en Normandie que les gobelins sont représentés, peut-être à cause de l'influence norroise. On les appelle goublins. Dans la Manche, ils hantent les marais de Carentan et les maisons. Un autre revêt l'aspect d'un chat à l'abbaye de Mortemer, on le surnomme le cat goublin*. "

J'en suis restée confondue !
Quand je vous disais ! Gobelin est normand !


Sources : DUBOSC, Georges (1854-1927) :  La Sorcellerie normande (1922)
Wikipédia

* C'est moi qui souligne.

mardi 4 janvier 2011

Au bilan neuf

Au revoir ou... bonjour ? 
(Oui, derrière ce sont les quais de Seine !)

2011.
2010 s'est enfuie. Qu'en reste-t-il, vu de ma Chambre Normande ?
Trente-cinq billets de bric et de broc, de hauts et de bas. Des joies et des peines, comme pour tout un chacun.
J'ai traversé 2010 les pieds ici, le regard et le cœur tournés vers la Normandie. Quelques petits séjours (pas assez à mon goût)  à Dieppe et à Rouen ont jalonné cette année. J'essaie de penser à ceux qui m'attendent, j'espère, en 2011.
De nombreux chats s'en sont allés, tant de frimousses que je ne verrai plus, autant de chagrins. Restent le manque et le souvenir... Heureusement l'arrivée inopinée d'Arwen et de Gobelin (dits "Joliebelle" et "Jolibeau"), deux jeunes gens pétulants, m'a distrait de ma peine et m'a mis du baume au cœur ! Ils sont merveilleux, certes, mais ils mettent un point d'honneur à grandir à toute allure. A quand les chats-bonsaïs ?
Il y eut la redécouverte ou plutôt la découverte de parfums qui jusqu'à présent m'étaient... passés sous le nez ! Au sens propre. Vol de Nuit en est un exemple. Je l'ai adopté après l'avoir longtemps dédaigné. Il me manquait sans doute la maturité nécessaire. Il faut pour le humer coller les narines contre celle (ou celui !) qui le porte : ce n'est pas un parfum très exupérant. J'ai été séduite en dépit (ou à cause de) son côté désuet, suranné. A noter qu'il est plus agréable selon moi à porter l'été que l'hiver : ses notes épicées, cuirées, son fond vanillé - allons-y tout de go, sa guerlinade - ressortent et s'épanouissent davantage à la belle saison. Un beau classique un peu nostalgique dont je me pare toujours avec plaisir.
Il y eut des lectures et des relectures. L'installation dans mon gourbi d'une bibliothèque dont je peux enfin ne pas me servir. Des virées dans la Somme, destination reposante d'une après-midi ou d'une journée. Je m'y suis trouvée nez à nez (enfin, c'est peut-être beaucoup dire) avec le Beluga, qui en matière de blair ne fait pas dans la demi-mesure, mais aussi avec les souvenirs de Tolkien et les traces de la Grande Guerre toujours profondément inscrites dans la terre picarde. Ce sont des lieux où je reviens volontiers.

Que la Somme est belle et paisible au couchant...

 
A Méaulte, on se garde bien de jeter l'Ancre...

Et les événements normands ?
Le Jour de l'An 2010 m'a donné l'occasion de faire connaissance de Maman Mule. Les blogs, c'est pas que du virtuel ! En mai, pas question de déroger aux adieux à la Jeanne, dont Rouen, la ville marraine, constituait l'une des dernières escales. En novembre, j'ai rencontré à Yvetot, non sans émotion, le "père" du détective privé norvégien Varg Veum, Gunnar Staalesen. Privilège de discuter de façon décontractée avec l'auteur et de repartir avec des bouquins dédicacés sous le bras !


 Un nom qui n'existe plus que dans les mémoires...

Et, last but not least, j'ai pu apercevoir à plusieurs reprises et même photographier les brebis de Douvrend et leurs cousines de Fréauville. Que du bonheur ! Comme on dirait en franglais : Douvrend, j'y go !


2010 s'est terminée sur une note gourmande et sucrée, avec une bûche de Noël chocolat-marrons-crème fouettée-meringues. Rien que ça. Je vous vois saliver d'ici. Si vous êtes intéressés par la recette, signée du chef Stéphane Reynaud, n'hésitez pas à me la demander !
Les appointements du goûteur sont en sus.


BONNE ANNÉE 2011 A TOUTES ET A TOUS !

vendredi 31 décembre 2010

En attendant 2011...


Les dernières semaines ont été éprouvantes. Être bloqué chez soi en raison des intempéries et de l'état exécrable des routes n'a rien de réjouissant. C'était même franchement déprimant. Pas question de prendre la Tine pour se retrouver illico dans le décor, de Noël ou pas. Je sortais donc à pied, le visage tartiné de saindoux. D'aucuns vous vanteront les mérites de la graisse de phoque mais c'est beaucoup moins écologique et surtout plus difficile à se procurer. Dans ma doudoune, enfilée sur quelques pulls, ma silhouette n'était pas sans rappeler le Bonhomme Michelin, un cosmonaute un peu gauche ou celle de Viggo Mortensen dans La Route. En plus dépenaillé. Bref, une allure à décourager le plus hardi des voleurs de grands chemins. C'est ainsi harnachée, sans la moindre concession à l'esthétique, que j'allais affronter les étendues blanches et glacées pour rapporter quelque roborative pitance. 
Et pourtant, tout ce blanc n'était pas sans beauté. Le paysage semblait revêtu d'une couette immaculée. Dans le jardin, l'entrelacs des branches enneigées de l'Arbre aux Fées évoquait un tableau de Dubuffet, mais un Dubuffet froid.
Néanmoins, cette période d'hibernation forcée m'a paru bien longue.

Gobelin, goûteur émérite qui aime son métier

Il restait les repas pour se consoler et se réconforter. Lors du réveillon de Noël j'ai fait appel aux services d'un goûteur professionnel. En ces temps d'insécurité alimentaire et de  méfiance généralisée, on n'est jamais trop prudent. J'aurais pu par inadvertance verser du cyanure dans la crème de marrons au cours de la confection de la bûche. Ce sont des choses qui se produisent sans cesse dans les meilleures cuisines, de la part des cuisiniers les plus consommés (d'où  bien sûr l'expression "bouillon d'onze heures"). Une fois la bûche décrétée au-dessus de tout soupçon par ce jeune homme hautement qualifié, j'ai poussé un grand "ouf" et j'ai pu la déguster en toute sérénité !
Pour le Nouvel An j'ai été prévoyante. Il peut neiger, j'ai gardé quelques bonnes bouteilles en réserve !
Qu'importe le flocon, pourvu qu'on ait l'ivresse !

lundi 11 octobre 2010

Un petit noir bien serré ?


18 septembre.
Il est tout petit, tout noir, il a le poil hirsute et pour tout dire, il semble mal en point. Sans doute est-il malade. Il est planqué contre le mur d'une maison, en face de mon garage. Je viens de rentrer ma voiture et je le remarque alors que je traverse la rue. Je m'accroupis près de lui, le caresse et lui parle. Il a froid. Et puis le miracle se produit, il me regarde comme seuls les chats savent vous regarder, se lève, ses pattes le portent à peine, et il vient vers moi en ronronnant. Pas trop le temps de tergiverser. Quoi qu'il advienne, il sera cette nuit à la maison. Je le ramasse et l'embarque dans mon bras. Il ne cesse de ronronner durant le trajet. Je lui réponds à ma façon, de ma voix humaine. Il s'agrippe à la manche gauche de mon manteau. Je suis sa bouée de sauvetage. Je presse le pas.
J'arrive à la maison. Je pose le chaton sur le sol. Il file se réfugier sous la commode. Je ferme les portes du couloir. Le contact avec les vétérans lui sera évité ce soir : pas de flairage inquisiteur, pis, de grognements, sifflements et coups de pattes !
Une seringue de lait pour tout dîner, c'est déjà ça ! Mais il est minuscule et affaibli par son séjour dans la rue. Dans quel état sera-t-il demain ?
Le nouveau venu passe sa première nuit sur un plaid de laine. L'instinct d'un chat lui indique toujours les endroits les plus chauds et les plus confortables et il n'a pas failli chez celui-ci. Le matin, à mon grand étonnement, il a repris du poil de la bête. Il court comme un dératé, se jette sur son assiette de pâtée, en réclame une autre. Savoir ré-cla-mer et ne surtout pas s'en priver, voilà le secret ! D'autant qu'une humaine (en principe) ne refuse jamais rien. Le petit noir l'a vite compris.
Un nom me vient à l'esprit : Gobelin. Son petit museau pointu, ses yeux de tarsier, à l'image de Lara, pourraient être ceux d'une créature poilue facétieuse et vaguement démoniaque sortie d'une vieille légende.  Ou d'un livre de Tolkien, où Gobelins et Orques c'est du pareil au même, ce qui les rend franchement peu sympathiques.
Et Gobelin rime avec félin, malin, câlin et vilain.
Il m'inquiète. Il est chétif. On dirait un idéogramme chinois, tracé à l'encre noire de trois traits de plume.
Cependant, après une dizaine de jours de soins, de gavage d'alimentation équilibrée et de jeux, Gobelin se décide enfin à pousser. De petit microbe, il est passé à microbe moyen. Conformément au principe d'incertitude d'Eisenberg, on peut ne déterminer simultanément sa position et sa vitesse. (Rien à voir avec le chat de Schrödinger, celui-là je ne l'ai pas encore adopté.)
Et puis sa présence remuante m'aide à surmonter la perte récente de si nombreux compagnons.
L'homme est décidément la plus belle conquête du chat.