mardi 5 janvier 2010

Considérations relativistes

Le temps passe vite en Normandie. Trop vite. Tellement vite qu'un jour je serai rentrée avant d'être partie. J'ai d'ailleurs constaté d'étranges distorsions de l'espace-temps sur mon itinéraire. Ça commence sur ma petite route. A un endroit, un panneau indique "Dieppe 20" et un autre, quelques kilomètres plus loin, "Dieppe 23". C'est bien là la preuve que la configuration géographique et géologique a une forte incidence sur les distances, qui se dilatent ou se contractent dans une mesure inversement proportionnelle au temps écoulé. Vous serez d'accord avec moi, cette expérience vérifie la théorie de la relativité générale. La Normandie est relativiste !
Tout ça ne me dit pas où se sont évaporées les quarante-huit heures que j'ai passées à Dieppe et Rouen. Tout d'un coup elles se sont retrouvées derrière moi, hop, disparues le temps d'un claquement de doigts. Le même phénomène se reproduit à chaque séjour. Vous m'avouerez que c'est bizarre.
Le trajet, trop long, trop court, répond lui aussi à une singulière perception du temps. L'arrêt-café réglementaire sur mon aire a eu lieu. Cependant je n'ai pas osé m'aventurer trop loin, car le fond de l'aire effraie. Les brebis de Douvrend étaient au bercail, à ma grande déception. A moins qu'elles n'aient échappé à mon microscope électronique. Mais j'ai pu saluer le mouton de Fréauville, fidèle au poste, lui !
Les quarante derniers kilomètres suscitent toujours la même excitation, les mêmes sensations. La saveur de la Normandie est désormais sensible. Elle m'environne. L'Eaulne, les vergers, les colombages... Je crois être préparée et je suis toujours surprise, saisie par un même sentiment. Je n'ai jamais quitté ce pays. J'y reviens. Je me retrouve.
Ce que j'aime aussi, dans la Normandie, ce sont la fébrilité des préparatifs, la route, l'attente.

Le meilleur moment, en amour, c'est quand on monte l'escalier.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Si Dieppe rime avec déprime dès que la côte normande s'éloigne, il faut nous faire le plaisir de rester un peu plus longtemps dans tes chambres normandes...

panti a dit…

"L'Eaulne" je ne sais pourquoi,mais ce nom m'enchante!!!!
Bisous du soir
Maman Mule
Psje pense que tu vas aimer mon billet d'hier soir

Philippe a dit…

"Le fond de l'aire effraie" : hummm, c'est bon avec le café du matin ! ;-)

Martine a dit…

Un magnifique texte pour un début d'année en beauté, et quand je lis Dieppe, je m'y vois, je sens la mer, j'écoute les mouettes, je commence une balade dans ma tête sur les falaises, direction Varengeville, je...
merci Rafaèle,
bises Martine

panti a dit…

Un coucou en passant pour te souhaiter un bon week-end
Maman Mule

DE DHAT EN CHATS a dit…

Mon Eaulne à moi est un homonyme et prend sa source près du village de ma grand-mère... Qu'ils étaient doux les moments où je partais là-bas, et combien tristes lorsque je revenais. C'est ainsi qu'un jour de retour j'ai décidé de ne plus perdre ma vie à la gagner, et que ma vie a changé.