mardi 22 décembre 2009

Brebis de Douvrend


Le désir de Normandie me titille. A vrai dire il ne me quitte jamais. Mon dernier séjour sur les bords de Seine remonte à près de trois mois. Il serait temps de se remplir les poumons d'air normand et de regarnir le panier à souvenirs.
J'avais évoqué dans un précédent billet les brebis de Douvrend. Douvrend se trouve sur la départementale que j'emprunte lorsque je vais à Dieppe. Entre Londinières et Envermeu. Le village est arrosé par l'Eaulne, cette magnifique petite rivière dont la seule vue suffit à me remplir de bonheur : dès que j'aperçois ses berges, je ris. Je parlais depuis longtemps de ces ovidés devenus mythiques, sans confirmation de leur existence. Comme les physiciens qui prédisent le boson de Higgs dans leurs théories mais ne l'ont jamais observé. Jamais CERNé serait plus juste. Les brebis de Douvrend, c'était une private joke des familles. Pourtant j'espérais toujours que ma théorie se vérifie. Il y avait certes le fameux bélier de Fréauville, les illustres moutons de l'Epinay (rien qu'à écrire ces noms, le manque se creuse davantage), mais ce n'était pas ce que je recherchais.
Je n'ai pas eu besoin d'un accélérateur de brebis, d'un collisionneur à moutons niché dans le sous-sol genevois pour les voir enfin. En août 2007, j'en ai aperçu une, puis une deuxième, dans un pré qui domine la route. Cris de surprise et de ravissement dans la voiture ! Des gens qui se trouvaient sur le bas-côté se sont retournés sur mon passage. Pas comme le mouton retourné, je vous rassure. Mais mon intuition était confirmée !
Depuis je les ai revues régulièrement. Il y a quelques mois, pour être sûre que je ne rêvais pas ou ne souffrais pas d'hallucinations, je les ai photographiées. Elles sont bien réelles. Elles sont très belles, avec leur tête noire.  Et très paisibles. J'adopterais volontiers une d'elles.
Las, la dernière fois que j'ai emprunté ma petite route, elles n'étaient pas là. Elles avaient sans doute, en cette fin septembre, pris leurs quartiers d'hiver dans leur bergerie. J'en ai conçu une forte déception.
Pourquoi les brebis de Douvrend (qui sont peut-être des moutons) ? Qu'ont-elles donc qui les différencie des autres ? Tout est parti de ma chatte angora Mouna. Elle ressemble à une brebis (d'ailleurs très peu de mes chats ressemblent à des chats). Son miaulement s'apparente au bêlement. Je l'appelle Mouna-Mouton. Ou Mouna-Khnoum, du nom du dieu égyptien à tête de bélier qui modela les hommes dans la glaise sur son tour de potier. Mais pourquoi Douvrend ? Quel écho ce toponyme a-t-il éveillé en moi ? Mystère.
Quand reverrai-je ces ovins emblématiques de la Normandie, ou plutôt du voyage, de la Route (ma petite route qui se trouve affranchie d'un adjectif réducteur et adoubée au passage d'une très solennelle majuscule. C'est ça la force du souvenir). Ou, à défaut de les apercevoir, projetterai-je leur image dans une pâture désertée jusqu'au printemps ?
En espérant qu'elles n'aient pas fini en gigot.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

La bergère honnête produit toujours un joli chant. Qu'elle vienne vite nous en chanter encore!

panti a dit…

Pour te consoler va faire un tour sur mon blog,et tu feras la connaissance de Lili.....
Meilleurs Voeux pour un Noël plein de joie et de bonheur.
Bisous et à bientôt
maman Mule