jeudi 15 octobre 2009

Le coeur cambriolé


Un flacon qui a de la bouteille...

Je suis allée rechercher dans l'obscurité d'une armoire mon flacon d'extrait d'Heure Bleue, tel un trésor, une relique qu'on ne présente à l'adoration des fidèles qu'une fois l'an. Il est toujours lové dans son charmant écrin XVIIIe. Je me souviens l'avoir acheté en janvier 1987. C'est un rescapé.
1er septembre 1996. Je rentre de Normandie. Je trouve la maison saccagée, la porte de la cuisine fracassée, du désordre partout. Les malfrats ont emporté des objets auxquels ma mère et moi tenions : beaux bijoux fantaisie, couverts en argent, mais aussi lecteur de CD et disques. Ils ont mis à sac l'armoire à parfums. Ont disparu mon flacon d'extrait d'Après l'Ondée, introuvable aujourd'hui, le Blonde de ma mère, une superbe tubéreuse signée Versace, et d'autres. Des gens de goût, ces voleurs, direz-vous ! Mais les gens de goût ne volent pas ! Et puis ils ont dédaigné les disques classiques !
Je suis effondrée.
Oui, c'est matériel. Mais c'est un peu plus que du matériel. Ces choses faisaient partie de moi. On a touché à mon intimité, à ma mémoire, à ma tranquillité domestique. Elle ne sera jamais plus ce qu'elle était.
L'expérience est particulièrement traumatisante.
Dieu merci les chats n'ont rien ! Mais j'ai eu bien peur quand même, car mon Muscade tardait à rentrer... (Ne pas trop compter sur les chats pour défendre une maison contre des intrus.)
Toujours est-il que ma bouteille d'Heure Bleue a échappé au pillage. Je la regarde parfois et l'ouvre. Il reste une petite moitié de son contenu, d'un jaune sombre. Les notes de têtes sont altérées et pour tout dire, atroces. Mais je reconnais ses notes de cœur et de fond, toujours suaves, quoiqu'à présent très volatiles.
Puissé-je m'offrir à nouveau cet extrait un jour...
En attendant je me suis parfumée à l'eau de toilette, histoire d'attaquer avec plus d'énergie mes corrections et de me consoler des rigueurs de mon travail.
Comment ça, vous n'avez jamais senti l'Heure Bleue ? Tenez, je vous en envoie une grosse bouffée !
Allez, pschitt pschitt !!

4 commentaires:

Philippe a dit…

Il va bel et bien falloir que j'aille humer cette Heure Bleue dans quelque parfumerie. Car le pschitt-pschitt virtuel laisse mon nez dans une désespérante impassibilité...

Côté Arcades a dit…

L'heure Bleue... Fragrance entêtante & sulfureuse... J'aime ♥

Elvézia a dit…

Je n'avais pas senti cette odeur depuis longtemps, donc, partie chercher mon n°5 que j'affectionne tant, j'ai demandé un petit flacon d'échantillon de l'heure bleue et... hum c'est vrai que son odeur est unique, vraiment. Il a fini dans une jolie pochette en tissu qui me sert de porte monnaie et dès que je dépense quelques sous, sa bonne odeur me fait avoir un peu moins mauvaise conscience !!!!
Elvézia

Philippe a dit…

Une journée passée avec une amie la semaine dernière m'a donné l'occasion de découvrir l'Heure Bleue. J'ai adoré ce moment passé parmi les effluves de Guerlain. Toutes, l'Heure Bleue y compris, m'ont plu. J'avais l'impression, en passant d'un flacon à l'autre, de passer d'un monde à l'autre, d'être transporté. Y étais-je préparé favorablement inconsciemment ? Ma mère a porté Mitsouko quand j'étais enfant et porte l'été deux des "Aqua Allegoria" : Herba Fresca et Pamplelune...