mardi 30 octobre 2012

Pirate est parti



Ce dimanche a commencé bien tristement. Pirate, le petit Pirate, s'en est allé, de façon inattendue.
Il avait quatre ans et demi.
Il était le frère d'Elsa et de Ramona et le seul survivant de la portée. Ses sœurs sont elles aussi parties prématurément, voici un peu plus de deux ans. Souffraient-ils tous trois d'une fragilité héréditaire ? Nous ne le saurons jamais.
Sous ses airs angéliques, Pirate était un grand batailleur. Son principal ennemi : son oncle Bosco. Il fallait veiller à les maintenir dans des pièces différentes. Si malgré cette précaution un pugilat éclatait, la technique, éprouvée, consistait à jeter sur les belligérants une étoffe opaque, plaid ou robe de chambre, selon ce qu'on avait sous la main. Ce brusque plongeon dans l'obscurité prenait les adversaires au dépourvu et l'effet de surprise provoquait un cessez-le-feu quasi immédiat. Il ne restait plus qu'à se saisir de l'un d'eux et à l'emporter au loin. Bien souvent l'animal se débattait, prêt à retourner au combat, et il fallait se défier des dommages collatéraux tels les coups des griffes.
Hormis cette tendance bagarreuse ciblée, c'était un chat sans histoires, câlin à ses heures. Je le revois, étendu sur le dos, se contorsionnant, les quatre fers en l'air, pour réclamer silencieusement des grattouillis sur le ventre.
Je l'appelais Piratou, et même "Piratou de Biriatou", pour l'allitération, ce qui faisait de lui un chat du pays basque. Après tout, cette tache noire qui lui mangeait un quart de la face pouvait aussi bien passer pour un béret crânement incliné sur l’œil que pour un bandeau de flibustier.
Mes dernières photos de lui remontent à l'été dernier. Il avait adopté le panier à bûches signé du peintre normand Nourry. La chose prend tout son sel quand on voit ledit panier. De là il guettait son grand rival. J'entends encore de part et d'autre s'élever les cris de guerre qui précèdent la mêlée, tandis que les matous se tenaient nez à nez, dans une attitude de défi. J'avais alors prestement embarqué Bosco pour la pièce contiguë.
Pirate manque-t-il à Bosco autant qu'à nous ?
Repose en paix, Pirate, petit chat vaillant et futé. Livre-toi à des jeux infinis avec ceux, toujours aimés, jamais oubliés, que tu as rejoints.

Pirate, 4 avril 2008 - 28 octobre 2012


Le panier à bûches de Nourry avait trouvé une destination inattendue 
(mais pas tant que ça quand on connaît les chats).




2 commentaires:

Anonyme a dit…

Pirate le bien nommé
Noir et blanc comme un drapeau
Au Bosco faisait la peau
Mais un jour il est allé
Au vert paradis des chats flibustiers

Triskell a dit…

Encore un tout-petit parti rejoindre un monde qui, s'il n'est pas meilleur, n'est pas pire que celui-ci.
Ton Pirate chéri au visage éclaboussé par l'encre de ton stylo talentueux était bien joli. Je brûle donc ma traditionnelle bougie pour lui ce matin.