vendredi 24 avril 2009

Scribe le scribe, Scribe le chat

Dix jours que "c"'est arrivé, et je trouve seulement l'ombre d'une pincée d'once de courage pour en parler. Longtemps la douleur et l'évocation du drame m'ont inhibée, tétanisée.
Mon chat Scribe a été tué par une voiture, à trois mètres de chez moi, le 14 avril peu avant 18 heures.
Quand je suis arrivée, c'était fini.
Deux dames admirables et une jeune fille m'ont aidée. Elles ont assisté à ses derniers instants, du moins je l'imagine. Elles l'ont caressé. Plantées au milieu de la rue, elles ont empêché les voitures de commettre plus de dégâts. Elles ont relevé le corps, l'ont mis - l'horreur - dans un sac. Une dernière caresse sur ton doux pelage tiède, Scribe... Et elles ont essayé de nous réconforter, ma mère et moi. Il n'y avait rien d'autre à faire. Mais elles étaient là. Ce sont mes "Auvergnates", comme l'Auvergnat de Brassens. Je vous parlerai un jour de mes Auvergnats.
Au chagrin s'ajoute l'horreur de cette fin, qui devrait faire honte au chauffard.
Scribe était chez moi depuis cinq ans. C'était un enfant des rues - quoique j'ignore tout, finalement, de ses origines et de son histoire. Très sociable et vadrouilleur, il était connu comme le loup blanc dans mon quartier. Les passants le caressaient. Je l'appelai le "psy-chat", le guérisseur. Chaque jour, en semaine, il se rendait à l'hôpital de jour voisin. Je ne le voyais que le soir (et encore !) et les week-ends ! Les patients et les soignants l'avaient adopté. Ils lui parlaient, le câlinaient, le nourrissaient. Scribe était là "le chef". Il faisait le bien (sauf peut-être auprès de ses congénères !), comme investi d'une mission. En cela il était admirable. Aujourd'hui ses amis le pleurent. Sa photo trône au mur du salon de l'hôpital...

Il m'attendait sur le muret de l'hôpital quand je rentrais du garage. Je le prenais dans mes bras, le gratifiais d'un baiser sur la tête et nous rentrions ensemble à la maison.
Il ne nous attendra plus, nous ne l'attendrons plus. Mais reste au cœur un fol espoir, la trace brûlante du souvenir...

L'éternel cortège des questions destinées à rester sans réponse me taraude. A-t-il souffert ? Qui ? Et surtout "Pourquoi ?"...
Est-ce le prix à payer pour nous qui aimons les chats et avons la chance de les côtoyer ? Est-ce, pour les chats, le prix de l'indépendance et la liberté ?
Pourquoi toujours payer ?
Après la Fée, le Magicien.

8 commentaires:

Dominique a dit…

Mon Dieu, pourquoi encore vous infliger cet épouvantable chagrin !!!
J'avais déjà laissé un message après votre article bien triste du 22 février, et je passais de temps en temps vous voir, pour le plaisir de vous lire à nouveau sur quelque chose de gai qui m'aurait laissé penser que vous vous remettiez doucement des pertes de Mercure, Garance, Cougar...
En voyant ce soir la photo de ce beau chat, je me suis dit "ça y est, un nouveau petit pensionnaire" et puis non...encore une douleur qui s'ajoute.
J'ai pris l'habitude d'allumer une bougie lorsque j'apprends la mort d'un animal. Je vais bien sûr en allumer une pour Scribe, en pensant à vous.

Anonyme a dit…

Quel poids à supporter! Quel courage aussi d'en parler ainsi avec autant de justesse! Le dieu des chats serait-il jaloux qui nous les enlève pour les garder dans son paradis? Qu'avons-nous fait pour mériter ça? Mais non, c'est l'accident, le hasard, l'horrible hasard qui nous menace et nous ôte le désir de prendre des risques, de vivre vraiment comme les chats qui sont amour et liberté.

Côté Arcades a dit…

Je suis désolée... Je déteste ces gens qui roulent si vite qu'ils ne font attention à rien... Quelle douleur de perdre une de nos boules de poils... Tu l'a imé et il t'a aimé... Là sont les souvenirs...

Rafaèle a dit…

Un immense merci à tous les trois pour votre sollicitude et vos mots de réconfort...
Sachez que je viens de perdre Norma, un an, tuée par un tram non loin de chez moi...

Anonyme a dit…

Prions pour que cette série noire s'arrête là.

Dominique a dit…

Difficile de trouver les mots.
Série noire, sûrement, souhaitons de tout coeur qu'elle s'arrête.
Je vais allumer une bougie pour Norma, à la vie si brève.
La liberté se paye trop cher, mais comment faire pour empêcher un chat de vivre sa vie au risque de la perdre ?
Je pense bien à vous.

NicoleA a dit…

je viens de lire ... je suis venue via le blog de Philippe .
Les larmes me sont montées aux yeux . Dans notre jardin de provence dorment paisibles Cnaille note chat mort à6 ans et Eliott notre caniche mort à 9 ans seulement ; ils dorment dans le jardin où ils ont été heureux .Et Niels notre caniche a déjà 11 ans et même s'il est en excellente santé vif espiègle et dynamique je redoute le jour om ce compagnon affectueux et fidèle partira. Quel chagrin ce sera !

Je partage donc vos questions votre chagrin et espère qu'un nouvel ami viendra vous donner de nouveau la joie de vivre en sa compagnie !

Philippe a dit…

Il faut espérer que cette mauvaise loi des séries s'arrêtera là...
Aimer les chats n'est décidément pas un "boulot" sans risque ! Personnellement, la mort du mien m'a causé un chagrin si fort que je me sens encore tout à fait éloigné de vouloir m'attacher à un autre.
Il faut laisser le temps au temps comme on dit.