mardi 15 septembre 2009

Le geste


Les toilettes de La Chicorée à Lille. C'est l'heure de la réfection post-déjeuner. Pas question d'affronter  la rue sans rouge à lèvres, dont le bord du verre et la serviette ont emporté jusqu'au dernier pigment.
Une femme, assez BCBG, cheveux courts et gris, plus âgée que moi, se mire dans la vaste glace au-dessus des lavabos. Comme parfaitement synchronisées, nous sortons un tube de rouge de nos sacs et appliquons la couleur de concert.
Même geste, tube quasi similaire et pour cause : ils sont de la même marque. Je ne peux m'empêcher de lancer une remarque, faisant violence à ma coutumière réserve :-). La dame se tourne vers moi, me regarde, sourit. I can't speak French, dit-elle. Je n'avais pas pensé à ce cas de figure. Nombreux sont les Anglais à Lille depuis la mise en service de l'Eurostar. Je rassemble en urgence mes connaissances de la langue de Paul McCartney. Le bref dialogue est chaleureux. Complice, presque. Il est question des qualités des rouges Clinique. Je souhaite un bon séjour lillois à la femme, puis regagne ma table, amusée, ragaillardie et pensive.
Se remettre du "rouge". Un universel féminin qui s'exprime au-delà des barrières de l'âge, des styles et des territoires. Un geste si "léger", si frivole et pourtant chargé d'un sens connu de nous seules, peut-être... Je viens d'en avoir une conscience aiguë.
God save the lipstick.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Un si joli geste! D'abord la main, sur laquelle on essaye les couleurs, les hésitations, la recherche de "cotons nettoyeurs" (de "kleenex" dirait une anglophone ;-) ), puis celle d'un miroir qu'on trouve vite et cette caresses sur les lèvres dont la moue se transforme en un brillant sourire.
Un masque qui met en valeur la beauté d'un visage.

Martine a dit…

Je n'en ai pas! Mais c'est un des souvenir impérissable que j'ai de ma mère, j'aimais la préparation, sac, miroir,ouverture, la mise du rouge sur ses belles lèvres et le mouvement des lèvres, après pour "le mettre en place", merci pour ce beau souvenir et le texte est splendide, amitié Martine