Poser un pied à Rouen, c'est faire un saut dans mon histoire. Archéologie perso à fleur de présent. A la différence près qu'en archéologie, les strates sont bien séparées et qu'à Rouen, elles sont perméables, elles se télescopent, s'interpénètrent. Les souvenirs surgissent et se juxtaposent, non pas en fonction de leur plus ou moins grande ancienneté, mais des associations immédiates de la pensée.
Mes propos corroborent sans doute l'idée répandue que Rouen vit dans et de son passé. Pourtant... J'aime la ville animée, où l'effervescence urbaine côtoie le calme des rues pavées qui vous recueillent quand la circulation des grands axes devient insupportable. Là encore on passe d'une époque à l'autre, comme si on était embarqué dans une machine à remonter le temps. C'est d'ailleurs ce que je fais à Rouen. Je ne ferais que ça s'il n'y avait le présent. Le bonheur de fouler à nouveau un sol aimé. Je retrouve avec plaisir mes petites rues, mes cafés, mes boutiques. L'appel régulier, le timbre des cloches de la cathédrale et du campanile du "Gros". Pour un peu on se croirait en Italie. Bonheur aussi de se laisser porter par ses pas, de marcher à la découverte de l'inconnu, faisant fi des ombres familières qui jaillissent parfois dans une ville que je ne voudrais ni ne pourrais laver des souvenirs.
Rouen, ville grise et bleue comme une "Cathédrale" de Monet. Tant de printemps, tant d'automnes ont passé sur elle et sur moi, sur elle et moi. Tant de soleils révolus et pourtant toujours renouvelés, toujours semblables. C'est la même lumière qui éclaire des jours différents. Mes souvenirs ne tiennent pas compte du temps et des saisons. C'est cette lumière que je retrouve à chaque fois. Quelque chose en moi s'est arrêté ici. Quelque chose que je cherche. Sait-on jamais ce qu'on laisse de soi dans un ailleurs finalement si proche ?
Allons-y, lâchons le grand mot : Rouen n'est-elle pas une ville plus fantasmée qu'expérimentée par les sens et l'esprit, par une vie quotidienne propre à forger des habitudes ? Je n'en sais rien. Sans doute. Un peu. Mais que j'arrête de me flageller, de mettre en question cet élan qui me porte vers la ville !
Rouen est pour moi liée depuis longtemps à ces vers d'Apollinaire :
Rouen, ville grise et bleue comme une "Cathédrale" de Monet. Tant de printemps, tant d'automnes ont passé sur elle et sur moi, sur elle et moi. Tant de soleils révolus et pourtant toujours renouvelés, toujours semblables. C'est la même lumière qui éclaire des jours différents. Mes souvenirs ne tiennent pas compte du temps et des saisons. C'est cette lumière que je retrouve à chaque fois. Quelque chose en moi s'est arrêté ici. Quelque chose que je cherche. Sait-on jamais ce qu'on laisse de soi dans un ailleurs finalement si proche ?
Allons-y, lâchons le grand mot : Rouen n'est-elle pas une ville plus fantasmée qu'expérimentée par les sens et l'esprit, par une vie quotidienne propre à forger des habitudes ? Je n'en sais rien. Sans doute. Un peu. Mais que j'arrête de me flageller, de mettre en question cet élan qui me porte vers la ville !
Rouen est pour moi liée depuis longtemps à ces vers d'Apollinaire :
Mon bateau partira demain pour l'Amérique
Et je ne reviendrai jamais
Avec l'argent gagné dans les prairies lyriques
Guider mon ombre aveugle en ces rues que j'aimais.
Et je ne reviendrai jamais
Avec l'argent gagné dans les prairies lyriques
Guider mon ombre aveugle en ces rues que j'aimais.
Mon bateau est parti mais je suis revenue. Mon ombre me suit, certes, parfois je l'interroge. Elle garde le silence.
Je reviendrai. Le soleil se lèvera toujours sur les quais de la Seine pour arracher de mouvantes étincelles à la surface de l'eau.
3 commentaires:
c'est une très belle photo...;)
Nicolas, merci pour votre visite ;-) !
Je ne connais pas de photo plus belle d'un vaisseau fantôme.
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