lundi 29 septembre 2008

La petite chapelle

Un reportage sur la 3, voici quelques jours. Une expo Doisneau dans un lieu dont j'ignore tout et qui pourtant se trouve dans un périmètre connu. C'est la chapelle de Flainville. Il me faut chercher sur la carte. C'est entre St-Aubin-sur-Mer et le Bourg-Dun. Le grand Robert a photographié cette côte, ce long feston de falaises, visage tourmenté et blafard que la terre offre à la mer.
Je tourne à gauche et quitte la route qui va de Varengeville à Veûles. Dès lors s'ouvre un entrelacs de chemins vicinaux. Ça monte. On s'enfonce dans la forêt. Quelques intersections plus loin, deux panneaux indiquent la chapelle dans des directions opposées. Je dois demander mon chemin. Je suis en fait tout près du but. La chapelle de Flainville est à portée de main.
C'est un charmant édifice fortifié, adossé à une colline, que j'ai sous les yeux. La magie opère immédiatement. L'expo est terminée, la chapelle est fermée mais qu'importe. Un lieu "vrai", isolé, préservé. La campagne normande recèle ainsi des joyaux cachés. Il faut vouloir les trouver. S'aventurer loin des routes touristiques. J'ai le sentiment, la certitude de parcourir un pays des merveilles secrètes, serein et beau, qui s'ouvre devant moi au fil de mes pas.
La paix des lieux est à peine troublée par le passage de convois agricoles - des tracteurs à la remorque chargée de meules de paille -, une ferme jouxte l'édifice. La vie rurale se poursuit sous ces murs plusieurs fois centenaires. Activité humaine et méditation, nature et mysticisme sont ainsi liés ici.
J'admire le calvaire ancien sculpté dans la pierre, saisissant par son dépouillement même. Instants de vérité. Ici dans la solitude on ne triche pas. Les blessures de l'âme sont pansées.
Ce lieu m'a prise au cœur. Peut-on s'en éloigner vraiment une fois qu'on le connaît ?
Je reviendrai.